Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

SIMPLY HUCKNALL – Le leader de Simply Red se présente pour la première fois sous son nom, et rend hommage à Bobby Blue Bland, vieux bluesman oublié.

« Tribute to Bobby »

Distribué par V2. En concert, le 13/07, à Werchter Boutique.

Fini Simply Red! Une dernière tournée annoncée en 2009 et Mick Hucknall devrait mettre la clé sous le paillasson. Ce n’est pas rien: Simply Red et sa soul chromée lui auront permis de vendre quelque 50 millions de disques depuis 1985 et d’atteindre le top 50 des multimillionnaires britanniques de la musique.

A 48 ans, Hucknall ferme donc un chapitre.  » J’ai vu les Stones l’année dernière. Je les adore. Mick a chanté de manière brillante Jumpin’ Jack Flash , Satisfaction … Mais autant j’aime ça, autant je me suis dit: ce n’est pas moi là, je veux prendre une autre route. »

Le fan des Reds de Manchester United – la veille de l’interview, ils se sont qualifiés pour la finale de la Champion’s League – s’est donc repenché sur ses premières amours: le blues.  » J’ai commencé à en écouter dès l’âge de 13 ans. J’ai d’abord acheté les doubles bleus et rouges des Beatles, puis le Sticky Fingers des Stones. Ma tante m’a offert ensuite leurs deux premiers disques sur lesquels il y avait des chansons de Jimmy Reed, Muddy Waters, Slim Harpo… Cela m’a ouvert un tas de portes. Du coup, pendant que tout le monde se branchait sur le disco, j’écoutais du blues et du r’n’b. » Dans le panthéon de Hucknall, il faut donc aussi ajouter Bobby « Blue » Band, dont il reprend 12 titres sur ce Tribute to Bobby.

LE LION DU BLUES

Né en 1930, à Rosemark, Tennessee, Bobby Bland est surnommé le lion du blues, à la faveur des rugissements gospels qu’il poussait dans ses enregistrements des années 50 et 60.  » On retrouve chez lui le gospel, le rock’n’roll, le rhythm’n’blues, mais aussi un peu de jazz. Quand la Motown est arrivée quelques années plus tard, le ton est devenu cependant plus sophistiqué… Du coup, Bobby n’était peut-être plus dans le ton, ce qui explique qu’il ne soit pas si connu.  »

Même si Simply Red n’a jamais été que le projet d’un seul homme -Mick Hucknall, himself -, celui-ci a donc décidé de le mettre au vestiaire pour se présenter sous son nom. Même s’il le fait ici en reprenant les chansons d’un autre. Paradoxale comme nouvelle affirmation de soi? Il s’agace presque:  » What’s the deal? Qu’est-ce que vous, journalistes, attendez des artistes? Je suis ébahi par cette obsession de pondre soi-même ses morceaux alors que les deux plus grandes icônes populaires de l’histoire de la musique enregistrée, Elvis et Frank Sinatra, n’en ont jamais rien eu à foutre d’écrire leurs chansons! »

Pas totalement faux. En attendant, voici donc Hucknall revenu à la musique qu’il aime, celle qui devait d’ailleurs déjà servir de terreau pour Simply Red.  » Mais quand on a rencontré le producteur Stewart Levine, il a imaginé un son plus doux, et plus commercial pour les radios. On était trop rétro pour lui. Il avait raison, mais aujourd’hui, j’ai fait le tour de cet univers-là. » Bizarrement pourtant, alors que les sonorités soul vintage ont la cote, la production de ce Tribute ne s’éloigne que rarement des rivages policés de Simplement Rouge. Chassez le naturel…

www.mickhucknall.com

LAURENT HOEBRECHTS

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content