Mes vies secrètes

Seul le romancier passe pour un écrivain. Le biographe écrit à l’ombre de sa gloire. Dominique Bona le sait comme personne, elle qui a consacré une grande partie de sa vie à raconter celle des autres. Loin des biographies exhaustives à l’anglo-saxonne qui lassent par le souci du détail « vrai », elle a toujours personnellement choisi de respecter la part de mystère d’existences dont elle ne prétend pas posséder les clés. Elle se livre ici de façon plus intime, revenant sur ces liens avec ses différents « sujets »: Romain Gary, l’enchanteur qu’elle ne rencontrera jamais, Jean-Marie Rouart, persuadé d’être un jour reconnu, ou encore la lumineuse éditrice Simone Gallimard, aussi élégante qu’intelligente. Mais aussi la libre et émancipée Marie de Régnier, le rigide Paul Valéry, la dame peinte en noir par Manet Berthe Morisot, la résistante Clara Malraux, le « déprimiste » Stefan Zweig, ou encore Gala, la femme chef au physique ingrat qui a permis à Dalí d’exister… En fin de récit, dans le style fluide et soigné qui lui est propre, Dominique Bona se sent obligée de justifier l’abandon du roman pour les biographies devant un sévère François Nourissier vieillissant, aussi gris que sa solitude. Plus qu’un récit pour initiés: une approche de nos « idoles » dans les coulisses de leur vie privée.

de Dominique Bona, Editions Gallimard, 320 pages.

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