Vincent Genot
Vincent Genot Rédacteur en chef adjoint Newsroom

De Philippe Francq et Jean Van Hamme, Éditions Dupuis.

Surprendre Jean Van Hamme en pleine conversation avec un de ses héros de papier n’est pas chose courante. C’est pourtant un petit spectacle auquel ont pu assister quelques invités de Largo Winch, début novembre, dans le jardin japonisant de l’ancienne maison parisienne du couturier Kenzo. En fait de Largo, il s’agissait du comédien français Tomer Sisley qui incarnait le célèbre milliardaire dans Largo Winch, le film sorti en 2008 (la suite est programmée pour février 2011). Une adaptation cinématographique rapidement transformée en succès commercial, mais qui a laissé de nombreux fans dubitatifs. Histoire trop prévisible, scènes d’actions indignes de la série, et Tomer Sisley assez peu crédible en milliardaire yougoslave.

Une bordée de critiques que l’on aurait bien envie de resservir à Mer Noire, le 17e album de la série. Jolies filles, coups tordus, gros transferts d’argent et FBI sont au menu d’une affaire de trafic d’armes et de terrorisme international dans laquelle Largo Winch est impliqué malgré lui. Pour se disculper, le jeune milliardaire n’a d’autre choix que de prendre la direction des ports de la mer noire où semblent se cacher les secrets d’un gigantesque trafic rendu possible par les méfaits de la mondialisation incontrôlée… Ce qui est pénible dans cette aventure, c’est que tout semble trop facile. Largo doit fuir? Réacteur en veilleuse, son jet privé attend pour l’emmener sans formalité de l’autre côté du globe. Il doit monter une opération sur le pouce pour libérer la fille d’un banquier retenue en otage? Il fait chauffer la carte de crédit… Des tueurs sont à ses trousses? Il n’a qu’à se baisser pour ramasser un gros cube qui passait par là… C’est tellement facile que ça devient agaçant. Et l’on en vient à regretter l’époque où il crapahutait dans la jungle birmane en compagnie des sangsues avec un bout de bois en guise de soufflant.

Reste que dans son genre, Largo Winch demeure une valeur sûre de la BD populaire. Un cocktail d’aventures et de fiction politico-économique dont le succès ne se dément pas. Une vache à lait pour Dupuis qui a déjà vendu plus de 11 millions d’albums. La petite histoire retiendra que, dans cette histoire en 2 parties, Philippe Francq s’est amusé à dessiner l’avocat de Largo sous les traits de Jean Van Hamme. Une attention que le scénariste stakhanoviste, et un rien cabotin, a dû apprécier. l

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