Vous pouvez rallumer la télévision. Entre 2 robinets à débilités putassières, elle propose désormais une programmation plus que supportable.

Cela faisait près de 6 ans que ça n’était plus arrivé: la Communauté française de Belgique a assisté à l’accouchement d’une nouvelle chaîne de télévision, ce samedi soir. La Trois, c’est son nom, est née sous une pluie battante, entre 2 concerts grelottants sur la Grand-Place de Bruxelles et 3 zakouskis mous-mous enfournés par ici un ministre, là un comédien… Un baptême un brin maussade, pour cette nouvelle couleur -violette- de la palette RTBéenne. Et pourtant, l’objet du petit raout mondain a de quoi réjouir.

D’abord parce qu’il est garanti 100 % sans publicité commerciale. Ensuite parce qu’il fait la part belle aux programmes jeunesse et à la culture. Enfin, parce que les films qu’il propose le sont (Alléluia!) en version originale sous-titrée. La recette parfaite, en somme, pour faire des scores d’audience minables, mais comme RTBF Sat ne cartonnait pas non plus et que cette Trois en est une émanation (au même coût ou presque), tant qu’à faire, autant faire plaisir à un public exigeant. Tellement regardant d’ailleurs, qu’il ne regarde plus la télé depuis longtemps, et l’utilise comme attrape-poussière high-tech.

Service public

C’est prouvé: les études des publics de la télévision saucissonnent la masse des téléspectateurs en une série de catégories différentes. Parmi elles, il y a en a une qui porte le numéro 7. Particularités: ses membres ont l’esprit critique très développé, regardent la télévision pour apprendre, et aiment manier l’ironie. Problème (pour les éditeurs de services audiovisuels): ils ne consomment pratiquement pas les contenus du petit écran. Donc ne sont que menu fretin aux yeux des chaînes, qui ne peuvent les valoriser auprès de leurs annonceurs. Ceci expliquant cela.

Le service public a donc ici décidé de prendre sa mission à bras le corps, et d’offrir courageusement ce cadeau à ceux qui ne lui en font pas.

Sous l’emballage, on pourra donc découvrir Dans mon cinéma, émission de la Télévision Suisse Romande consacrée au 7e Art sur le mode filmographie commentée, des films considérés comme « difficiles » par les programmateurs des autres chaînes ( Eldorado, Cowboy, Au-delà de Gibraltar…), assortis de leur making of ou d’une remise en contexte, mais aussi des JT d’il y a 20 ans, les journaux de la VRT sous-titrés, des programmes internationaux piochés dans la grille de TV5, des dessins animés pas trop criards qui ne stimuleront pas les pulsions acheteuses des bambins…

Si ce n’est pas le paradis, ça y ressemble furieusement. Foi de journaliste télé qui se sert de son écran plat uniquement pour regarder des DVD. l

LA CHRONIQUE DE myriam leroy

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