Les rencontres ne furent pas nombreuses, mais révélatrices: en BD, les saines valeurs du sport ont vite laissé le terrain aux bonnes vannes.

Si la bande dessinée est l’art populaire par excellence, il faut bien avouer qu’elle s’est peu intéressée au plus populaire des sports. Un paradoxe qui n’en est pas un: à de rares exceptions, le sport en général est peu « bédégénique ». Trop dans l’instant et le mouvement. Mais on constate par contre que le reflet du ballon rond, lui-même reflet de la société, a bien changé avec les années…

Au début des années 80, le ton était encore à l’angélisme et aux valeurs véhiculées par le foot. Quel gamin franco-belge n’a pas rêvé d’une carrière à la Eric Castel! Le Michel Vaillant du football a vécu 15 albums au Nou Camp, au point de devenir le meilleur outil marketing du Barça pendant toutes ces années. Les nostalgiques retiendront surtout un « Hors série » introuvable, consacré à la campagne des Diables pour le Mondial 82. Aaaah, l’air éreinté de Van Moer quittant définitivement la pelouse… Dans le genre premier degré, le magazine En Piste!, entièrement consacré à de la BD (britannique) traitant du sport, a dû lui aussi influencer quelques carrières de D2. Plus proche de nous, la génération manga n’est évidemment pas en reste, elle qui est capable de mettre en animation et en manga n’importe quel sport du monde, jusqu’au cricket. Rayon foot, retenons surtout le Captain Tsubasa, alias Olive et Tom à la télé.

Très vite, pourtant, le terrain de jeu s’est dirigé vers l’humour, voire la moquerie, voire le foutage de gueule assumé. Chez nous, Jannin s’est délecté dans ses Germain et nous à caricaturer les pères fans de foot buveurs de bière, réacs et bedonnants. Paul, le père de Pilou, sera d’ailleurs une véritable star de la série. L’esprit bonne déconne continue depuis de faire des ravages en grandes surfaces, des FootManiacs d’Olivier Saive aux cartoons de Pad’r, boute-en-train et en dessin de Match 1 et de nombreuses pages foot, à défaut des pages culture. De vraies perles, il en existe pourtant. Le trop méconnu Malo Louarn s’était ainsi fendu dans les années 80 d’un album au vitriol, sur le milieu plutôt que le sport, récemment réédité. Chez les indés, le franco-liégeois Jampur Fraize a pondu le bien-nommé Football Carnage. Mais on remet quand même la coupe au Français Guillaume Bouzard: ses pages et strips réalisés il y a 4 ans dans Libération et So Foot ont été compilés chez Poisson Pilote. Un pur bonheur absolument hilarant. Même les branchés aiment le foot.

Texte olivier van vaerenbergh

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