Chez Taschen, on n’est pas sectaire. Trois ans après avoir célébré comme il se doit les 75 ans de DC Comics -l’écurie de Superman, Batman ou Green Lantern-, l’éditeur remet le couvert pour les 75 printemps de l’autre grande manufacture de super-héros: Marvel. Sur la balance, le livre-objet affiche le même poids de 7 kilos, pour 712 pages imprimées avec grand soin sur papier haut de gamme. Il fallait bien ça pour raconter, par la voix de l’ancien rédacteur en chef du magazine, Roy Thomas, les innombrables métamorphoses d’une saga dessinée hors du commun dont les avatars cinématographiques, de Captain America à Spider-Man en passant par Thor, continuent de faire les beaux jours de Hollywood.

Comme Rome, l’histoire de la Marvel ne s’est pas faite en un jour. Revenant abondamment sur l’âge d’or des comics, grosso modo de 1939 à 1950, cette somme qui vaut son pesant de culture pop ressuscite les pionniers de la grande aventure. A commencer par Moses Goodman, l’entrepreneur avisé qui publiait des pulps à la chaîne avant de lancer, en octobre 1939, le Marvel Comics n°1, avec comme invité vedette la Torche Humaine, premier justicier doté de pouvoirs spéciaux de la trempe des costauds d’en-face. Goodman à la baguette, Joe Simon et Jack Kirby à la manoeuvre. De leurs cerveaux jaillirent à une cadence infernale de nouveaux super-héros et super-méchants qui alimenteront les nombreuses publications du groupe.

Une histoire passionnante distillée à travers un texte limpide mais surtout au fil d’une iconographie encyclopédique. Fac-similés au format XXL, couvertures d’époque (Justice, Shield, Mystic… ), planches vintage rares… De quoi en mettre plein la vue, et prendre la mesure de l’influence de ces comics sur la société américaine, notamment pendant la guerre. Au point par exemple de transformer un Captain America en « incarnation virile et héroïque de la statue de la Liberté » selon le producteur Michael Uslan.

On connaît la suite: la traversée du désert des années 50 (les héros providentiels cédèrent le pas à la comédie et aux histoires de cow-boys), la reprise des affaires à la faveur de la Guerre de Corée, la génération dorée avec Spider-Man, Hulk ou les 4 Fantastiques dans les années 60, les premières tentatives peu concluantes au cinéma dans les années 80, le développement des produits dérivés la décennie suivante, le succès -enfin- sur grand écran avec X-Men en 2000.

DC Comics menait à la marque. Marvel vient d’égaliser…

75 ANS DE MARVEL. DE L’ÂGE D’OR DES COMICS À L’ÈRE DES BLOCKBUSTERS, DE ROY THOMAS, ÉDITIONS TASCHEN, 712 PAGES, 150 EUROS.

Laurent Raphaël

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