Mars attacks

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

GUESS WHO’S BACK? L’AMÉRICAIN PROLONGE LA FIESTA D’UPTOWN FUNK EN PIOCHANT DANS LE R’N’B EIGHTIES. ULTRA RÉFÉRENCÉ, PAS BIEN FINAUD, MAIS À PEU PRÈS IRRÉSISTIBLE.

Bruno Mars

« 24K Magic »

DISTRIBUÉ PAR WARNER.

4 / 10

Parfois, il faut savoir s’incliner. Déposer les armes traditionnelles du critique et reconnaître que l’on s’est fait avoir. Promis, la prochaine fois, on vantera les mérites de ce nouveau projet islandais d’electronica ambient. Mais là, pour une fois, on ira au plus simple, voire à la facilité. Après tout, cela arrive à tout le monde de préférer un bon Quick à la dernière table tendance. Ce n’est pas forcément une défaite. Juste une simple parenthèse dans des temps troublés. Celle proposée par Bruno Mars est des plus savoureuses.

À vrai dire, de Bruno Mars, on avait toujours apprécié la vista pop, tout en gardant une certaine distance avec ce qui semblait malgré tout pouvoir déraper à tout moment, dans l’excès de sucre notamment, pas loin du tube Disney (Marry You). Et puis, il y a eu le Uptown Funk de Mark Ronson, sorti fin 2014, avec Bruno Mars dans le rôle de l’artificier funk. Cuivres (et choeurs) à la Earth, Wind & Fire, basse juteuse, outro jouissivement pétaradante: morceau sans prétention, mais tube majeur, il allait propulser Mars sur une autre planète. À cet égard, son nouvel album semble moins succéder à Unorthodox Jukebox, publié en 2012, qu’à la fiesta dance d’Uptown Funk. Opportunisme? Ou suite dans les idées, c’est selon…

24K Magic démarre par le single du même nom. Ce n’est pas une copie d’Uptown Funk, mais plutôt sa suite. Tout aussi efficace, décomplexé, il est annoncé par une intro à la talkbox, façon Roger Troutman, avant de scintiller de mille paillettes funk. Vous pensez avoir repéré une odeur de Drakkar Noir? Il faut voir alors le chanteur se promener dans les couloirs d’un hôtel-casino de Vegas, dansant avec ses poteaux, peignoir glitter et clapettes sur la moquette rembourrée. Est-ce que tout cela est vraiment sérieux? Non évidemment. Et c’est ce qui finit de rendre Mars sympathique.

Si Perm est une autre saillie r’n’b à la James Brown, l’essentiel de 24K Magic tourne surtout autour d’obsessions r’n’b très eighties, pas loin du new jack swing en cours ces années-là. On zappera facilement le Versace on the Floor, et son synthé millésimé 1988, au miel un peu trop dégoulinant. Finesse, par contre, n’aurait pas juré sur le Don’t Be Cruel de Bobby Brown, tandis que la ballade Too Good To Say Goodbye aurait pu être produite par Babyface (en fait, elle est produite par Babyface).

À Honolulu, là où il est né et a grandi, Bruno Mars était notamment connu pour ses imitations du King Elvis Presley. Par la suite, il a souvent été présenté comme un clone de Michael Jackson. Il n’est donc finalement pas si étonnant que ça de le voir aujourd’hui enfiler encore un nouveau costume. Et cela, avec un enthousiasme qui manque souvent à d’autres revivalistes.

Ce n’est pas très inventif? Non, en effet -et c’est pour cela qu’on a mis une cote de 4. Mais le disque compense largement sur l’échelle du fun, où il vaut facilement un 10 (« Julio, serve that scampi », chante-t-il sur That’s What I Like), allumant la mèche à défaut d’avoir inventé la poudre.

EN CONCERT LES 28 ET 29/03, AU SPORTPALEIS, ANVERS.

LAURENT HOEBRECHTS

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