Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

La famille de l’icône reggae a décidé de faire fructifier l’image de Bob Marley. Fumeux?

Curieux et fabuleux destin que celui de Marley dont l’héritage musical – et financier – n’a cessé de prospérer post mortem depuis un quart de siècle. Inondant le marché d’ inédits, de compilations, de remixes mais également de tout un fatras merchandising allant de l’écharpe Bob au t-shirt Bob en passant, logiquement, par le bob Bob. Bluffée par le montant drainé par les contrefaçons – 600 millions de dollars annuels -, sa famille a décidé de passer un deal avec Hilco Consumer Capital, une firme de Chicago, afin de créer une joint-venture commerciale. La nouvelle société, House Of Marley, projette la commercialisation d’une chaîne de cafés One Love, de jeux vidéo, de snowboards, de bières, d’écouteurs, de fringues, de chaussures et même d’hôtels Marley. Il s’agit donc, non pas d’arrêter la fabrication d’artefacts Marley, mais d’en contrôler le commerce et le profit qui pourrait atteindre un milliard de dollars chaque année… Si on s’en tient à la lettre de l’£uvre – mystique et tiers-mondiste – de Bob, cela la fout mal. Marley n’était pas un saint. Il multipliait les conquêtes féminines, semait les enfants comme il brouillait les pistes de ses textes prédicateurs et croyait qu’un petit parvenu de dictateur – le Négus d’Ethiopie – était un vrai grand prophète. Pour atténuer la douleur du cancer qui allait l’emporter, à 36 ans à peine, en mai 1981, on dit aussi qu’à la fin, il s’oubliait dans le crack et la coke. Mais il est difficile d’imaginer que Marley aurait pu commercialiser autre chose que sa musique. Alors s’habiller en Marley, boire une bonne Marley à 12° fabriquée à l’abbaye de Kingston, dévaler la neige avec une Marleyboard, se mettre un casque Marley sur la tête, avec dreadlocks inclus, s’arrêter pour déguster un Marley con leche chez StarMarley, pas sûr que Bobeût kiffé la vibe. Et puis, franchement, vous vous voyez arpenter la rue Neuve bariolé de couleurs rainbow, rentrer au Café chez Bob commander un petit Marley serré ou le grand spliff crème de chez Rasta Number One? Le ridicule ne tue pas mais l’abus de merchandising, c’est bien possible… Il existe déjà un Bob Marley Boulevard – à Brooklyn -, on pourrait raisonnablement s’en tenir à cela. l

Philippe Cornet

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