Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

BRUXELLES ATTITUDE – Anne Lévy-Morelle nous fait redécouvrir Bruxelles dans un documentaire allègrement personnel et dépourvu de complexe.

De Anne Lévy-Morelle. 1 h 30. Sortie: 18/06. Et si nous ne le connaissions pas vraiment, ce Bruxelles qu’une femme décrit au début du film comme  » une ville très moche où il y a des splendeurs« ? Et si cette cité complexe,  » contenant tout et son contraire« , avait encore beaucoup à nous apprendre d’elle-même? Anne Lévy-Morelle est partie à la découverte de son Bruxelles natal, éminemment contradictoire tant s’y côtoient  » le passé et le présent, le plus raffiné et le plus brut, la dentelle et les merdes de chien« . Avec attention, ouverture, humour et humanité, la réalisatrice a sillonné le c£ur de la ville, exploré la Grand-Place et ses environs, scruté de près ce Manneken Pis érigé en symbole mais dont si peu de Bruxellois connaissent vraiment l’histoire. Elle a recueilli des centaines de témoignages émanant de spécialistes (experts, historiens, même un météorologue pour parler de la pluie!), d’habitants, de touristes, de Bruxellois de souche ou d’adoption. Puis, forte d’une matière abondante, elle a voulu  » opérer la jonction des différents films qui se recouvraient » dans cette masse d’explications, d’anecdotes, d’opinions, de paradoxes et bien sûr avant tout, d’images.

La réalisatrice du Rêve de Gabriel (1997), captivant voyage sur les traces de familles belges qui émigrèrent en Patagonie dans les années 40, nous offre un parcours tantôt drôle, tantôt émouvant, où l’Histoire nourrit le présent, et qui évite les pièges d’un folklore obsolète pour chercher quelques vérités sur cette ville où l’on tire parfois fierté d’être modeste! Parfois, elle quitte le documentaire au sens strict pour mettre en scène le réel avec une fantaisie qui lui fait par exemple lancer un beau clin d’£il au Jacques Demy des Parapluies de Cherbourg.

éLOGE DU LAISSER PISSER

Anne Lévy-Morelle défend une « Bruxelles attitude », une manière de « laisser pisser » dont la ville serait la capitale mondiale. Elle entend inscrire son film dans un genre qu’elle nomme  » l’épopée authentique » et qu’elle explique ainsi:  » J’essaie tout à la fois d’obéir à deux lois différentes, qui sont, la première, d’observer le réel, d’y passer longtemps pour m’en imprégner (une démarche tout à fait documentaire) et la seconde, de construire une vraie narration, avec plus d’interventionnisme que la plupart des documentaristes n’en revendiquent. Le tout dans une démarche où chaque détail s’inscrit dans un tout pensé, chaque personnage dans une collectivité. Un peu comme dans les tableaux de Brueghel que je montrais dans La Pointe du c£ur. Chez lui, si on regarde bien, il n’y a pas de personnage principal. Le personnage principal, c’est l’ensemble. En même temps, chaque personnage est dessiné avec précision. Chaque personnage pourrait faire l’objet d’un tableau à lui tout seul. J’ai une exigence proche de celle-là. Dans mes films, il y a plein de petits portraits, mais avec une attention particulière à chacun. Et une histoire collective, une épopée. Au sens de l’expression que portait l’affiche du Rêve de Gabriel: Une histoire épique et vraie. »

Eh oui, vu sous cet angle, Bruxelles nous était bien inconnu jusqu’ici…

retrouvez louis danvers sur la première de la rtbf. chaque mercredi, entre 12 et 13 heures, louis danvers commente les sorties cinéma et l’actualité culturelle dans « culture club », l’émission de corinne boulangier et eric russon.

LOUIS DANVERS

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