Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

L.A. stories – Les Liars grattent le vernis de Los Angeles et signent un cinquième album fascinant et flippant.

« Sisterworld »

Distribué par Pias.

Les menteurs, ça s’apprivoise. Il faut savoir les écouter. Les comprendre. Puis à l’occasion pénétrer leur cerveau tordu, entrer dans leur rhétorique qui n’a pas nécessairement grand-chose à voir avec la nôtre. Les Liars ont toujours été dans la marge. Expérimentaux, tarés, barrés. Le genre de groupes dont on revend un album avant d’aller le racheter.

Le cinquième, l’époustouflant Sisterworld, a été conçu comme un city trip à Los Angeles. Une visite touristique qui ne passe pas par Beverly Hills, les plages de sable fin et les magasins chics où Julia Roberts fait son shopping en « pretty woman » mais ausculte les rues flippantes où règnent les clochards, les gangs, la misère, la violence et le crime.

Les Liars ont enregistré dans le quartier insalubre de Skid Row et s’ils s’autorisent cordes et cuivres, s’ils se disent de plus en plus intéressés par les mélodies, Angus Andrew et ses potes les composent tordues, dissonantes et lugubres…

Scissor commence comme un Nick Cave avant de s’adoucir et de partir en vrille. L’obsédant Here comes all the people tétanise avec ses chuchotements inquiétants. Tandis que Scarecrows on a killer slant s’apparente à une agression en règle. Que ce soit à la matraque, au coup de poing américain ou à la bouteille de verre. Soyons fous. Sisterworld est peut-être bien le meilleur album des Liars. Un disque suscitant crainte, fascination et addiction.

Thom Yorke, les Melvins et Devendra Banhart

Vous vous souvenez il y a 10 ans quand vous achetiez un disque le jour de sa sortie et que 2 mois plus tard, blafard, vous le retrouviez dans les bacs des disquaires au même prix (si pas moins cher) avec des reprises ou une tripotée d’inédits? Bien la crise a peut-être du bon. Quand elles décident de se fouler, les maisons de disques, désormais, mettent tout de suite le paquet. Tunde Adebimpe, Thom Yorke, Atlas Sound… Le nouveau Liars s’accompagne d’un deuxième album peuplé de relectures extérieures. « Notre idée, c’était de travailler avec des gens qui n’avaient jamais trop eu l’occasion de plancher sur des remixes. On ne voulait pas d’un truc impersonnel et conventionnel avec des dj’s et des producteurs de luxe. Un remix ne doit pas absolument coller au dancefloor. Ne doit pas nécessairement être une machine à danser. On cherchait avant tout à dénicher des artistes capables de se projeter dans nos morceaux et d’y imprimer leur propre personnalité. « 

Carte blanche. Full option. Les Liars ne sont nullement intervenus dans le processus (ré)créatif. Ils se sont contentés de choisir les heureux élus. « On a essayé de penser les choses de façon décalée. En réécoutant notre album, on se disait: « Tiens, cette chanson, elle sonne presque normale… Donnons-la aux Melvins! ». Ou: « Merde, quelle décadence, quelle agressivité! Infligeons ça à Devendra Banhart! ». Mon trip absolu, c’était d’entendre une fille chanter mes paroles. Ça m’excite! Sans blague. Quand Kazu Makino de Blonde Redhead a accepté de travailler avec nous, j’étais dans tous mes états! »

Nous, c’est le dernier Liars, dans son intégralité, qui nous fait cet effet. l

Au Botanique le 26/05.

Julien Broquet

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