L’Humanité de Bruno Dumont

© National

En 1999, le jury cannois présidé par David Cronenberg couronnait Rosetta d’une Palme d’or mais récompensait aussi d’un fulgurant Grand Prix L’Humanité de Bruno Dumont, chef-d’œuvre faussement naturaliste sondant dans un grand geste de métaphysique brute les tréfonds de l’âme humaine. Deux ans après un déjà remarquable La Vie de Jésus, son premier long métrage, Bruno Dumont, ancien professeur de philosophie, y travaillait avec la rigueur et la puissance d’un peintre flamand des motifs aussi universels et essentiels que le mal et la bonté, le péché et la compassion, en compagnie d’acteurs non-professionnels (eux aussi récompensés à Cannes, ce qui n’a pas manqué de provoquer un véritable tollé à l’époque…). Lui-même professeur de philosophie mais aussi de sciences humaines, l’essayiste Maurice Darmon lui consacre aujourd’hui un ouvrage éclairant qui paraît aux éditions Yellow Now. En se concentrant particulièrement sur le prologue du film et en s’appuyant sur les notes de tournage de Dumont, il en décrypte patiemment les enjeux sans jamais prétendre en épuiser la portée et le sens. Dans d’incessants allers-retours entre les mots du cinéaste et ses images, Darmon questionne les rapports entre nature et corps, visible et invisible, et creuse les correspondances entre le film et un certain nombre d’œuvres picturales. Un travail remarquable, auquel s’ajoutent plusieurs séries d’arrêts sur image ouvrant encore sur de nouvelles clés de compréhension et de nouvelles pistes de réflexion.

De Maurice Darmon, éditions Yellow Now, 144 pages.

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