L’Homme peuplé

© National

Si le successeur de Buveurs de vent a de quoi surprendre, il reste cohérent dans la bibliographie du romancier. Surprenant parce que Franck Bouysse nous emmène dans des contrées jamais explorées par le passé en flirtant avec le fantastique, et cohérent parce que les mots qu’il sculpte depuis une bonne quinzaine d’années en font l’un des plus grands stylistes français. L’histoire de ce roman choral se déroule dans un petit village de la France rurale recouvert de neige. Matériau de première main pour un auteur qui n’a pas son pareil pour nous faire ressentir les sensations de saison: le froid, l’humidité, le bruit des pas dans la neige… L’Homme peuplé est aussi visuel et olfactif parce que chez Bouysse même “le silence a une odeur”. C’est dans cet environnement hostile que débarque Harry, un écrivain en panne d’inspiration, qui s’installe dans une vieille baraque dans l’espoir de renouer avec la plume et affronter ses fantômes. Harry apprend vite que son voisin Caleb, un sombre acariâtre, a des dons de guérisseur. Moins immédiat que Glaise ou Grossir le ciel, L’Homme peuplé dégage une immense puissance poétique qui oscille entre apnée et tension sur fond de secrets de famille, de femme fatale, de blessures secrètes et de “présences” palpables.

De Franck Bouysse, éditions Albin Michel, 320 pages.

7

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content