L’holocauste au féminin

© United States Holocaust Memorial

Les femmes sont souvent les grandes oubliées de l’Histoire. Mais elles n’y ont pas toujours joué un rôle exemplaire et louable. Secrétaires, infirmières, épouses de SS, gardiennes de camps… Dès 1933, des centaines de milliers d’entre elles, galvanisées par le nouveau régime, se sont mises activement au service du Troisième Reich. Elles n’ont pas été que les témoins passifs d’un génocide commis par des hommes, elles en ont constitué des rouages indispensables. Elles ont été des complices, des meurtrières. Et ce même si la justice a relativement fermé les yeux sur leurs crimes, les laissant très largement passer entre les mailles du filet… “Je pense qu’elles étaient des femmes ordinaires jusqu’à ce qu’elles se retrouvent dans une situation qui ne l’était pas. Les sociétés considèrent les femmes comme des nourrices, des soignantes, des mères. Mais l’Histoire de l’holocauste nous montre qu’en fait, elles peuvent être socialisées dans le but d’être violentes. Ce qui va à l’encontre de nos perceptions et de nos préjugés.

Le documentaire de Christiane Ratiney questionne les tabous. Il raconte l’endoctrinement d’abord sournois, les individualités qui disparaissent dans un régime profondément misogyne. Car les nazis ne confient aux femmes aucun poste à responsabilité, aucun pouvoir de décision. Que ce soit dans l’État ou le parti. Beaucoup sont même poussées en dehors du marché du travail, 10% de femmes seulement peuvent étudier à l’université… Hitler leur a aussi interdit le barreau et la magistrature.

Les petites bourgeoises en rébellion comme les prolétaires en quête d’émancipation sont censées faire du sport pour rester en bonne santé et avoir des enfants blonds aux yeux bleus. Mais au sein du BDM, le Bund Deutscher Mädel, la branche féminine des Jeunesses hitlériennes, elles vont embrasser l’idéologie raciste et antisémite du Führer. Certaines ont pris part à l’extermination des handicapés mentaux et physiques (on leur avait appris à oublier toute forme d’empathie), les ont amenés dans les camps de concentration et ont infligé parfois elles-mêmes des injections létales. D’autres ont implanté des objets étrangers (bouts de bois, éclats d’obus) pour provoquer des gangrènes dans les corps de celles et ceux qu’elles appelaient “leurs lapins de laboratoire”. Des épouses de commandants descendaient même des détenus depuis leur balcon pour amuser la galerie quand elles avaient des invités. Essentiellement alimenté par des historiens et historiennes, Des femmes au service du Reich épingle la cruauté dont les femmes sont capables (non, elles ne sont pas pacifiques par nature) pour mieux souligner que le génocide est le crime d’une société tout entière.

Des femmes au service du Reich

Documentaire de Christiane Ratiney.

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