Léviathan

Loin de vouloir faire de Léviathan le fils hybride de l’ Alien de Ridley Scott et du Huis clos de Sartre, force est de constater qu’il emprunte aux deux. Du premier, il reprend l’unité de lieu, un vaisseau spatial plongé dans un milieu hostile -le vide du cosmos. Du second, il suit la célèbre sentence  » L’enfer, c’est les autres« , les autres passagers remplaçant ici le monstre du premier. Le décor que plante Shiro Kuroi, l’auteur de ce manga, est simple: un vaisseau en perdition avec à son bord les élèves d’un lycée en voyage scolaire livrés à eux-mêmes suite à un accident où tous les adultes ont disparu. Les secours ne viendront pas, on est sur un vol « low cost ». Mais le vaisseau possède un caisson de cryogénisation… pour une seule personne. Tout l’enjeu de l’histoire sera de désigner l’heureux élu, ou plutôt d’éliminer la concurrence. Le récit pèche par un léger manque de subtilité quant à la psychologie des personnages: destiné à un public jeune adulte, il brasse une certaine moralité primaire au sujet de la responsabilité ou de la primauté de la communauté sur l’individu… Tout ceci vole vite en éclats quand il s’agit de survivre. En revanche, l’auteur imagine un mode de narration tout à fait intéressant. Cette histoire nous est relatée au travers d’un journal tenu par un des élèves et découvert dans l’épave, des années plus tard par des chasseurs de trésors. Les allers-retours entre les deux époques permettent d’infirmer ou de confirmer certaines informations reçues et de se faire petit à petit une idée de la situation. Graphiquement, l’auteur ne fait pas un usage excessif de trames, mais opte plutôt pour un dessin fouillé fait d’une multitude de traits à la plume, conférant à l’ensemble un côté rétro tout à fait singulier.

Léviathan

De Shiro Kuroi, éditions Ki-oon, 196 pages.

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