L’Été du vertige ***1/2

© National

“Une semaine seules à la maison. Rien que toutes les deux. Il n’y avait pas de raison que ça se passe mal.” Ainsi pensait Louise, la grande sœur de Marion, avant que la petite fête qu’elle organise chez elles, vu le départ de la mère et la démission du père, ne dégénère gravement. En cause, Aurora, jeune fille un peu délurée et sortie de nulle part, qui s’impose dans leur bande de copains, et qui leur propose un autre jeu, “comme un cap ou pas cap”… Un jeu dangereux qui va bouleverser leur existence à toutes les trois, jusqu’au drame incandescent. Les fictions adolescentes, dégenrées voire déconstruites, sont légion ces derniers mois, avec de jeunes auteurs et autrices tels Julia Reynaud (Le Bel Alex), Quentin Zuttion (Toutes les princesses meurent après minuit) ou Lucie Bryon (Voleuse). Adlynn Fischer est de ces millenials-là, avec ce premier roman graphique, né de ses études à Angoulême et à Saint-Luc Bruxelles et de ses propres expériences ou traumas. On y trouve les habituels “petits” défauts du genre: un goût plus que modéré pour les décors, un intérêt très relatif pour la typographie… Mais aussi un même romantisme exacerbé, et surtout pas hétéro-normé, une même culture du dessin qui brasse large, jusqu’en Asie, et une même sincérité dans la démarche qui consiste à proposer des récits d’émancipation “différents” aux ados d’aujourd’hui, sans rien effacer d’une réalité qui n’a rien d’angélique, truffée de rejets, d’abus et d’agressions sexuelles. On retiendra ici, surtout, le personnage très touchant et la voix singulière de la petite sœur, témoin impuissant des affres de la grande.

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D’Adlynn Fischer, éditions La Ville Brûle, 228 pages.

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