L’Étang du démon

Figure emblématique de la Nouvelle Vague nippone, Masahiro Shinoda ( Silence) se lançait, au crépuscule des années 70, dans une adaptation de Yashanje ike, classique du théâtre kabuki écrit par Kyoka Izumi. Situé en 1913, le film s’ouvre alors qu’un homme, le professeur Yamasawa, débarque dans un village perdu dans la montagne, durement frappé par la sécheresse. Une légende locale raconte qu’un dragon est retenu au fond d’un étang voisin, et que si la cloche du bourg ne résonne pas trois fois par jour, la créature sera libérée, provoquant un déluge qui balaiera le village et ses habitants. À charge pour Yumi et Akira, un couple vivant à la lisière de la forêt, de veiller au respect de la tradition, équilibre fragile perturbé par l’arrivée de Yamasawa…

Suspendu entre deux mondes, au confluent du réel et du fantastique, L’Étang du démon impose d’emblée une stimulante étrangeté, soulignée par la partition électronique d’Isao Tomita. Assumant totalement la théâtralité de l’histoire, Shinoda a fait appel à Tamasaburô Bandô, légendaire acteur de kabuki, pour interpréter le double rôle féminin de Yumi et de la princesse Shirayuki. Sa composition n’est pas le seul élément stupéfiant d’un film qui convoque, dans un écrin d’une souveraine beauté, un imaginaire inscrit dans la tradition japonaise (et rappelant, par endroit, celui d’un Miyazaki). À quoi des effets spéciaux impressionnants ajoutent un élément éminemment spectaculaire. Une envoûtante réussite, bénéficiant d’une magnifique restauration 4K, et assortie de suppléments précieux: analyse du film et focus sur le travail de Nobuo Yajima, le responsable des effets spéciaux.

De Masahiro Shinoda. Avec Tamasaburô Bandô, Gô Katô, Tsutomu Yamazaki. 2 h 04. Dist: Carlotta.

8

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content