Les Silences

© National

Premier acte: Ida, 13 ans, orpheline, est placée comme aidante chez un couple de fermiers sans enfants. C’est mieux que l’institut, a décidé l’État. Chez les Hauser, la jeune adolescente découvre la vie dure dans la ruralité protestante. L’austérité colle aux esprits comme la bouse au sol de l’étable qu’elle récure tous les matins. Tyrannisée par la fermière, observée de manière libidineuse par le mari de celle-ci, elle trouve le réconfort dans l’amitié de Noah, jeune garçon rêvant d’ailleurs, à la famille marquée par la disparition d’une mère et d’un fils. Deuxième acte, changement de focale: on reprend les mêmes mais cette fois, c’est le village qui chuchote ses secrets, ses scandales et ses violences, dont Ida était simple spectatrice dans la première partie. En partant d’un fait social de l’Histoire helvétique -le placement des enfants orphelins ou abandonnés dans les campagnes-, Luca Brunoni, écrivain originaire de Lugano, tisse autant une petite sociologie des alentours du lac de Thoune qu’il ne raconte les élans adolescents. Isolé et embrumé, le patelin devient un laboratoire psychologique intense. Quand les rêves des uns deviennent les crimes des autres, le roman noir n’est pas loin…

De Luca Brunoni, éditions Finitude, traduit de l’italien (Suisse) par Joseph Incardona, 256 pages.

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