Les Nuits rouges

Thionville aujourd’hui, dans un bassin post-industriel ravagé par la crise et les désillusions. On y retrouve presque en même temps le corps d’un dealer de drogue fraîchement assassiné à l’arbalète, et le corps momifié d’un syndicaliste disparu il y a 40 ans. L’un serait lié à l’autre. Le syndicaliste avait laissé derrière lui, pensait-on pour une autre femme, son épouse et ses jumeaux Alexis et Dimitri. Et ce dernier crie vengeance… Rien de surprenant à première vue dans cet excellent polar pur jus, aussi brutal que social. À première vue seulement, puisqu’on le doit à un auteur qui s’était fait remarquer dès 2016 pour son ambitieuse et très psychologique Trilogie des équinoxes. Sébastien Raizer habite depuis longtemps Kyoto, au Japon, un lieu très éloigné de Thionville, lieu de résidence qui lui a inspiré un Petit éloge du zen, lui-même très éloigné du propos plein de colère ces Nuits rouges:  » Ce qu’il faut maintenant, c’est de la violence, du sang et des larmes. Il faut des nuits rouges. Et chevaucher le chaos. » L’écrivain renoue en réalité ici avec ses racines sinistrées, pour un polar au final très personnel, sans doute résilient, et hautement recommandable.

De Sébastien Raizer, éditions Gallimard/Série Noire, 288 pages.

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