On ne saurait trop recommander, en marge de la sortie de Maps to the Stars, un saut à Amsterdam, où le spectaculaire édifice du Eye accueille, jusqu’à la mi-septembre, une imposante exposition David Cronenberg. Créée à Toronto par Noah Cowan et Piers Handling, celle-ci balaie l’univers du cinéaste canadien au gré des thématiques irriguant son oeuvre, et en particulier de celle de la transformation, physique et psychologique, de ses personnages. Trois sections en balisent le parcours, qui correspondent à trois questions fondamentales: Who Is My Creator?, Who Am I? et Who Are We?, suivant un découpage respectant peu ou prou la chronologie de sa filmographie et en traduisant l’évolution. Ainsi, le premier volet court-il de Stereo, en 1969, à Scanners, en 1981; le deuxième, de Videodrome, en 1983, à eXistenZ, seize ans plus tard; le dernier, de Spiders, en 2001, aux dernières oeuvres du réalisateur.

Réel et virtuel

Soulignant la richesse de la réflexion à l’oeuvre dans son cinéma, la scénographie illustre aussi la singularité de l’univers de Cronenberg, notamment dans son exploration du rapport de l’homme à la technologie, jusqu’à opérer la fusion corps/machine -proposition littéralement au coeur de Crash, par exemple. Echo de cette disposition, peut-être, la visite est fort logiquement immersive, où l’on évolue d’abord dans une semi-pénombre, pour être d’emblée happé par le son provenant des divers écrans diffusant des extraits de l’oeuvre, avant d’être bientôt aimanté par la puls(at)ion particulière, en vision panoramique celle-ci, de Videodrome. Chemin faisant, le spectateur est invité à revisiter l’oeuvre cronenbergien, chaque film se voyant recontextualisé dans le parcours de l’auteur, mise en perspective rehaussée de photographies, esquisses, story-boards, affiches, mémos, lettres (de Scorsese saluant The Fly, ou J.G. Ballard appréciant le scénario de Crash -« It’s even more frightening than the book« ) et autres curiosités -ainsi, par exemple, des cartes de commentaires récoltées à l’issue de la projection-test de Videodrome à Boston, dont l’une est barrée d’un « Sucked » définitif.

S’agissant encore d’un cinéaste ayant su magistralement donner forme(s) à un imaginaire nourri de fantastique, une large place est également réservée aux accessoires de ses films: le telepod de The Fly (inspiré d’un moteur de Ducati), les accessoires chirurgicaux de Dead Ringers, le Mugwump de The Naked Lunch, le pistolet en cartilages de eXistenZ, le kit à tatouages de Eastern Promises, le casque Accumicon de Videodrome, les prothèses de Rosanna Arquette pour Crash… La liste en est longue, venue titiller le cinéphile fétichiste pour donner à l’exposition un tour résolument fascinant. Captivante, cette plongée au coeur des mondes de David Cronenberg connaît par ailleurs un judicieux prolongement virtuel (en français, encore bien) venu en élargir le spectre. En un mot comme en cent, incontournable…

DAVID CRONENBERG, THE EXHIBITION, EYE, AMSTERDAM, JUSQU’AU 14/09.

WWW.EYEFILM.NL

WWW.CRONENBERGMUSEUM.TIFF.NET

J.F. PL.

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