Les Enfants Boetti

Lui-même frappé  » de cette maladie moderne où le voyage permanent et la réclusion sont les deux faces du même besoin funeste, du même désir immense de renoncement« , le narrateur de ce bref premier roman débarque un jour à Rome on ne sait trop d’où, on ne sait trop pourquoi. Visiblement aussi à l’abri du besoin que particulièrement frugal en dépenses et divertissements, il squatte l’appartement d’une inconnue aux apparitions fantomatiques et cultive une oisiveté immobile entrecoupée de virées urbaines particulièrement bien rendues en termes de sensations, instantanés d’odeurs et de sons, observations fines de ses environnements. Le reste du temps, il se nourrit des souvenirs familiaux de son hôtesse, puis du frère de celle-ci, immigré pizzaïolo à Londres, dans l’espoir de toucher du doigt le destin de cette famille d’originaux et de croiser la route d’une artiste mystérieuse dans l’univers de laquelle ils ont baigné. Dans ce récit de voyage fantasmé, dont l’écriture évolue progressivement d’une élégance mélancolique à la narration carnavalesque d’une soirée d’ivresse sauvage, l’auteur excelle à dépeindre des ambiances (ruelles, interrelations personnel/clients d’une pizzeria, murge dantesque). On en ressort contaminé, et séduit, par un fiévreux sentiment à la fois d’inconfort social et de flottement méditatif.

De Pierre Testard, éditions Actes Sud, 159 pages.

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