Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Une collection aussi abondante que passionnante ressuscite l’âge d’or du plus petit des grands studios hollywoodiens.

Ce sont de bien jolis objets, avec leur habillage bleu-blanc-gris encadrant élégamment des images noir et blanc des films, et le logo stylisé en rappel. La collection RKO des Editions Montparnasse est, dès le premier regard sur ses couvertures, une précieuse réussite. Précieuse car le brillant passé du plus petit des grands studios hollywoodiens méritait une redécouverte, et sa place dans la cinéphilie d’aujourd’hui. La compagnie RKO (pour Radio – Keith – Orpheum) s’est créée en 1928 par la fusion de plusieurs sociétés dont un réseau de salles et la RCA (Radio Corporation Of America). Deux ans plus tard, elle absorbera Pathé. En 1948, c’est le milliardaire Howard Hugues qui l’acquiert pour porter ses folles ambitions cinématographiques. Rachetée ensuite, en 1957, par les acteurs stars de la télévision Lucille Ball et Desi Arnaz, la RKO finit par être absorbée par la major Paramount à la fin des années 60.

King Kong (1933) et Citizen Kane (1940) restent les films phares du studio, les plus grands chefs-d’£uvre jamais précédés par le logo figurant un globe terrestre surmonté d’un émetteur géant. Mais l’âge d’or hollywoodien des années 30 au début des années 50 voit la RKO s’illustrer dans les genres les plus populaires comme la comédie musicale (avec le duo Fred Astaire-Ginger Rogers), le fantastique (avec le producteur de Cat People Val Lewton) ou le film « noir » qui s’y développa de fascinante façon. A l’époque, le studio tournait au rythme d’un nouveau film sorti chaque semaine!

Abondance de talents

La dizaine de titres proposés (séparément et à prix modéré) par la nouvelle livraison de la collection illustrent de manière très variée l’abondance de talents réunis par la RKO en ces temps de succès. Carioca (1933) incarne avec énergie et optimisme – en pleine crise économique! – la magie du couple Astaire-Rogers, dans un « musical » endiablé nous emmenant à Rio. Fini de rire réunit, 18 ans plus tard, le très glamour tandem Jane Russell-Robert Mitchum, dans un ensemble destiné par Howard Hugues à mettre en valeur le(s) charme(s) d’une Russel qui était alors sa « protégée ».

Le même Mitchum joue un cran au-dessus dans le superbe Voyage sans retour (1950), un film « noir » de tout premier plan que réalise avec maestria l’Australien John Farrow (pour l’anecdote, papa de Mia). Dans le même genre, Même les assassins tremblent (1953) marque les débuts dans la réalisation de l’acteur Dick Powell, qui mène à son paroxysme un récit criminel inscrit dans l’époque de la peur atomique. Atmosphère « noire » encore dans La Femme aux maléfices du grand Nicholas Ray, où Joan Fontaine trouve un de ses rôles les plus richement ambigus.

On ne manquera pas de (re)voir le captivant Vaisseau fantôme (1943) de Mark Robson, qui crée une ambiance fantastique et horrifique à bord d’un navire commandé par un capitaine dément (une production de Val Lewton). De Jacques Tourneur, le réalisateur français de Cat People, on redécouvre le mélancolique La Vie facile, où Victor Mature incarne un joueur de football hanté par l’angoisse de la retraite. Du sous-estimé John Berry, on apprécie From This Day Forward, évocation sensible du difficile retour à la vie civile d’un combattant de la Seconde Guerre mondiale (joué par Mark Stevens). Jeanne de Paris (1942) illustre la guerre elle-même (avec… Michèle Morgan), tandis que Primrose Path (1940) et sa critique sociale acerbe valurent à Gregory La Cava des problèmes avec la censure. Un épisode relaté par Serge Bromberg, dont les présentations éclairantes précèdent chaque film.

www.rko.com

Distribution: Twin Pics.

Louis Danvers

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