La Belgique choisie en premier par la France pour représenter la littérature « étrangère » francophone? L’initiative ne fait sourire que les Togolais et les Québécois: le centre Wallonie-Bruxelles International a pris, lui, les choses très au sérieux et déployé les grands moyens et à peu près tous ses auteurs pour défendre et exporter la littérature belge…

Avec un budget estimé à 130 000 euros, le « WBI » a ainsi emmené à Saint-Malo plus de 40 auteurs francophones, qui auront participé à une dizaine de rencontres et cafés littéraires, mais aussi à trois spectacles, deux expos, dix films… De quoi faire écho à toute la diversité littéraire de la Wallonie et de Bruxelles -(ne dites surtout plus « Communauté française »)? A voir. Si le bilan fut qualifié de  » magnifique » par Christian Bourgoignie, le directeur du Centre Wallonie-Bruxelles à Paris, qui a cornaqué la troupe belge et conçu le programme, on y trouvait essentiellement des valeurs sûres, pour ne pas dire surannées, autour de la sacro-sainte trinité belge BD, surréalisme et poésie de terroir: de la BD et de l’illustration avec Franquin, Schuiten ou Crowther, des surréalistes avec Bucquoy, Godin ou Théophile de Giraud, de la poésie de terroir avec Julos Beaucarne, Jean-Luc Debattice ou Guy Goffette… sans oublier le fantastique et certes quelques écrivains qui se suffisent à eux-mêmes, comme Bernard Quiriny, Patrick Declerck ou Alain Berenboom. Mais peu voire aucun jeune talent au programme -pas de Nicolas Ancion, aucun Renaud Coppens, malgré la pléthore de Belges présents, déjà si peu prophètes en leur pays. Et si la littérature belge a encore bien du mal à faire rêver sur ses propres terres, elle aura en tout cas égayé ces Etonnants Voyageurs.  » Par rapport à l’année dernière, nous avons doublé notre superficie et triplé le chiffre des ventes, expliquaient ainsi Gilles Martin et Thierry Leroy, responsables du stand du WBI à la clôture du festival. Les expositions et les rencontres ont été très prescriptives, ramenant à chaque fois des visiteurs sur le stand et les livres. Le pôle jeunesse avec Kitty Crowther ou Mélanie Rutten reste le plus attractif, mais tous les auteurs, même réputés plus difficiles, y ont trouvé leur public. » Wallonie-Bruxelles International remettra donc ça l’année prochaine, sans Christian Bourgoignie appelé à d’autres fonctions, et sans doute avec moins de Belges dans les valises: certains se sont révélés plus folkloriques que prescripteurs. l

O.V.V.

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