Les Bâtardes

Premier recueil piquant et sans fard de la journaliste et autrice chilienne Arelis Uribe, Les Bâtardes affiche haut son titre qui fait référence à autant d’héroïnes à la peau plus foncée, à la lisière de l’âge adulte, du genre à faire davantage confiance aux animaux qu’aux hommes mais aussi fauchées, issues de quartiers où personne n’aimerait mettre les pieds. Exactement comme Uribe elle-même qui, à mille lieues d’une bourgeoisie prégnante dans la littérature de son pays, entend écrire comme elle est et depuis les quartiers d’où elle vient. Dans Italia, récit d’une attraction entre deux jeunes filles avec une complète hiérarchie des classes entre elles, la narratrice rêve que c’est elle qui « s e faisai[t] redresser les dents à huit ans, qui allai[t] au restaurant depuis toujours et avai[t] goûté à des plats beaucoup plus élaborés que le poulet-frites« . Dans Bêtes, quand une adolescente en déambulation nocturne s’amourache d’une chienne des rues, de celles  » que l’on trouve par hasard, comme les pièces de monnaie ou les billets, et qu’on ne reconnaît pas quand on les revoit« , le parallèle entre leurs deux existences faites d’accrocs est palpable. Entre grossesses adolescentes et amours virtuelles décevantes au temps de Napster, toutes aspirent à des heures moins écaillées.

D’Arelis Uribe, éditions Quidam, traduit de l’espagnol (Chili) par Marianne Millon, 120 pages.

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