LE MUSÉE ART LUDIQUE, À PARIS, ACCUEILLE UNE REMARQUABLE EXPOSITION CONSACRÉE AU STUDIO BRITANNIQUE OÙ SONT NÉS WALLACE & GROMIT ET AUTRE SHAUN LE MOUTON.

Aardman, L’art qui prend forme

MUSÉE ART LUDIQUE, 34, QUAI D’AUSTERLITZ À PARIS, JUSQU’AU 30/08.

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On ne pouvait rêver meilleur timing: parallèlement à la sortie sur les écrans de Shaun le mouton, nouveau long métrage ébouriffant portant le label Aardman(lire le Focus du 03/04), le Musée Art ludique, à Paris, accueilleune vaste exposition consacrée au studio de Bristol. Sous le titre Aardman, L’art qui prend forme, la scénographie entreprend de retracer dans le détail (forcément) une aventure animée hors du commun. Entamée à l’orée des années 70, celle-ci a vu la société créée par Peter Lord et David Sproxton (qu’allait rejoindre Nick Park) devenir une référence absolue en matière d’animation en stop motion. Et donner au passage ses lettres de noblesse cinématographique à la pâte à modeler, tout en alignant des productions à succès -les Wallace et Gromit, Chicken Run ou autres Pirates!– sans rien perdre ni de son identité potache, ni de son audace.

Le Aard-mix, et sa recette secrète

L’un des intérêts de l’exposition est de s’immiscer au coeur même du processus de création Aardman, tout en témoignant de sa diversité. La première salle en offre d’ailleurs un condensé remarquable avec ses décors (manoir stéréoscopique pour Le Mystère du lapin-garou ou maquette de la scène de Abbey Road dans Shaun the Sheep), dessins innombrables et extraits à foison, pubs, clips, séries et autres courts métrages. L’occasion, par exemple, de se replonger dans Creature Comforts (L’Avis des animaux), hilarant micro-trottoir réalisé auprès des pensionnaires d’un zoo, qui devait valoir un Oscar à Nick Park. La suite est à l’avenant, qui dégage dans un même élan les lignes de force esthétiques, mais aussi thématiques des productions maison. Le dessin étant systématiquement à l’origine de l’acte créatif, les croquis, esquisses, story-boards, études techniques, sont légion, et riches en enseignements. On découvre, par exemple, combien les premiers crayonnés de Wallace et Gromit différaient de leurs versions définitives, le second étant loin d’afficher le flegme qu’on lui connaît. Quant à la mise en formes de ces idées, elle trouve ici une expression on ne peut plus parlante, pour se révéler à la fois didactique et ludique, tout en étant assortie de nombreuses anecdotes. Ainsi de celle voulant que les animateurs recourent, pour les sculptures, à une pâte à modeler de leur cru, le Aard-mix, dont la recette est tenue secrète…

Accessoires, figurines, machines délirantes, intérieurs choisis, potager de Gromit… L’immersion au coeur de la planète Aardman est totale. Et ménage, par ailleurs, son lot de surprises. Ainsi, lorsqu’on découvre Dot et Gulp, réalisés en 2010 et 2011, soit respectivement le film d’animation avec le plus petit personnage du monde et celui avec le plus grand décor. Une manière de rappeler, incidemment, que si le très british studio recourt à une technique aux contours désuets, l’invention y a toujours droit de cité, impossible n’étant définitivement pas Aardman…

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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