Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

20.15 LA UNE

UNE SÉRIE COPRODUITE PAR LA VRT ET LA RTBF. DE JAN MATTHYS ET FRANK VAN PASSEL. AVEC MARIEKE DILLES, KATELIJNE DAMEN, LAURA VERLINDEN.L ’empereur du goût, histoire d’amour et de genièvre, s’annonce comme une chaude série d’hiver. Il y a forcément une famille scrutée sur plusieurs générations. Il y a donc aussi un mystère à résoudre. Il y a, last but not least, des tiraillements amoureux et des rivalités fraternelles qui poivrent l’ensemble. Mais contrairement à d’autres séries à boire ( Les maîtres de l’orge), ces dix téléfilms de cinquante-deux minutes autour de la passion du genièvre passent la rampe sans donner trop de crampes d’estomac. La distillerie limbourgeoise De Keyser est au centre d’un récit où les flash-back replongent dans une Seconde Guerre mondiale qui secoue toutes les certitudes. Deux amis – Georges et Alfred – sont en compétition sentimentale pour la belle Helena De Keyser, celle-ci se résignant à épouser le premier puisque le second disparait à la guerre . Soixante ans plus tard, l’héritière est forcément vieillie alors que Georges est soufflé par une mort qui enterre aussi son lourd secret. Le script abrupt s’éclaircit à l’écran via un montage bien dominé et des prestations d’acteurs plutôt convaincantes, en particulier celle de la jeune et jolie Alessandra (Laura Verlinden) qui vaut bien toutes les Marie Gillain/Cécile de France sudistes. On notera que les seuls acteurs francophones du lot sont le vétéran Pierre Laroche, en patriarche genièvrier, et Erico Salamone, en sous-off humaniste et bon père de famille.

DOUBLAGE

Coproduction entre la VRT et la RTBF – une première depuis des lustres – L’empereur du goût remet un peu de fiction autre que la sitcom de proximité dans le menu rtbéen, tout en échappant aux sagas françaises. Premier accident collatéral de ce nouveau flirt linguistique, la série, tournée en néerlandais, est donc doublée, puisque les sous-titres sont, paraît-il, « non commerciaux »… D’où quelques lippings approximatifs et un jeu d’ensemble, forcément, moins naturel. C’est d’autant plus dommage que la paire de scénariste/réalisateur donne à L’empereur, justement, du goût. Au scénario, Marc Didden, ex-critique rock à Humo et réalisateur occasionnel ( Brussels By Night), introduit un humour et une distance qui confèrent un second degré salutaire à l’ensemble. Et Frank Van Passel, auteur du remarqué Manneken Pis en 1994, gère bien son boulot de réalisateur, trouvant souvent la bonne distance entre la norme « grand public » et un regard un peu moins industrialisé.

Philippe Cornet

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