Sur le ring des musiques électroniques, le match fait toujours rage. A ma gauche, l’école minimale, sobre, épurée. A ma droite, les partisans du beat saturé et hypercoloré. Le gagnant? Réponse aux prochains Ten Days Off.

MINIMALE

c’est quoi?

Difficile à définir de manière précise. Dans la plupart des cas, la minimale sera décrite comme une forme épurée de la techno. Une sorte de musique électronique réduite à l’essentiel, au battement relativement lent, et aux motifs extrêmement répétitifs. Le plus souvent, derrière le terme « minimale », se cache en fait un simple retour aux sources de la techno, telle qu’elle est née du côté de Detroit, à la fin des années 80. A l’époque, le but était d’arriver à « coincer Kraftwerk et Funkadelic dans le même ascenseur », pour reprendre les mots du fondateur Derrick May. Tout en lorgnant aussi déjà du côté de la musique contemporaine minimaliste et répétitive (Terry Riley, Steve Reich…). Le résultat parie sur le fait de combiner chaleur soul et exécution froide des machines. Petit à petit, le beat se fera cependant plus martial, agressif. En 94, avec Minimal Nation, l’Américain Robert Hood signait ainsi un premier manifeste. Déjà s’y exprimait la volonté de revenir à la simplicité des débuts face à la rave culture qui avait accéléré et alourdi le tempo. Aujourd’hui, la minimale est d’abord allemande, berlinoise même. Il y aurait une raison à cela. Les clubs n’y connaissant pas d’heure de fermeture légale, ils peuvent donc rester ouverts toute la nuit, voire encore la journée du lendemain. D’où une musique qui joue davantage sur l’hypnose plutôt que sur les décharges trop violentes et épuisantes sur la durée.

le pour?

« Des heures et des heures de voltiges à plusieurs… «  Avec la minimale, place à la transe, générée par de longues plages tribales. Ici pas de matraquage, ni de pilonnage mécanique. On prend son temps, dernier vrai luxe de notre époque. Derrière le côté austère et froid, on préfère jouer sur la durée et miser sur la lente montée voluptueuse. D’ailleurs, qui a parlé d’ascèse?

le contre?

Qu’est-ce qu’on s’emm…

dixit laurent garnier, patron de l’électronique française

« La scène minimale, c’est un peu pareil. Tu as plein de DJ’s qui jouent tous la même chose. Ils ont trente disques, ils pourraient les mettre dans n’importe quel sens, on serait toujours sur l’autoroute. «  (Tsugi, mai 2009)

héros?

Robert Hood, Richie Hawtin, Jeff Mills, Ricardo Villalobos, DJ Koze, Efdemin…

devise?

Less is more

aux ten days off

Le 27/07. Avec Richie Hawtin, Darko, Barem, Click Box…

MAXIMALE

c’est quoi?

Par maximale, on entendra ici l’électro dopée aux hormones. Du gros beat excité sous intraveineuses de rock ou de rap monté sur basses « bigger than life ». Cela donne au format électronique des couleurs, et des noms souvent rigolos: nu rave, fluo kids, ghetto tech, booty… On l’aura compris, tout cela n’est pas très clair. Musicalement en tout cas. L’esprit, par contre, est davantage circonscrit: jeune, hédoniste, ludique, vaguement potache, vaguement moustache. En tout cas looké: avec des casquettes de camionneurs américains et des t-shirts (dites teesh) colorés. Certes, il y a pas mal de bling bling là-dessous et de plans marketing pour paires de baskets collector. Mais aussi une énergie folle, souvent plus proche du rock, voire du punk, que des longues extases électroniques classiques.

Les origines? Elles sont diverses. En Angleterre, au début des années 90, la rave culture avait déjà radicalisé le propos, balançant des beats de plus en plus batailleurs. Le courant big beat a suivi, avec des groupes commençant à mélanger électronique et secousses rock, comme les Chemical Brothers, The Prodigy, Fatboy Slim, Death In Vegas. En France, c’est Daft Punk qui a donné à la house un format pop, à coup de disco filtrée. Suite logique, Justice a repris le flambeau en durcissant nettement le son, leur nom même faisant référence à un album de Metallica (voir la version live apocalyptique du morceau Stress).

le pour?

Décomplexé, le genre (?) a le mérite de remettre le plaisir au centre de la piste de danse. La curiosité aussi, l’électronique se frottant au rock, au rap, voire aux musiques du monde (baile funk, kuduro…). Autre conséquence: les voix, quasi disparues de la planète techno, ont retrouvé une place centrale dans les débats. Certes, tout cela n’est pas toujours très fin, ni malin. Mais qui a dit qu’on était là pour réfléchir?

le contre?

Interdit aux plus de 29 ans.

dixit laurent garnier, patron de l’électronique française

« J’imagine des tas de mecs qui sautent dans tous les sens et jouissent en même temps, c’est juste de l’éjaculation permanente. Quand tu rentres chez toi, tu dois être exténué! Mais quel moment t’a marqué? » (Tsugi, mai 2009)

héros?

Justice, Pedro Winter, Institubes, Mr Oizo, 2 Many DJ’s, Boys Noize, Klaxons, Pharrell Williams…

devise?

Here we glow again!

aux ten days off

Le 25/07. Avec les Partyharders, Labiur, Zongamin, Metronomy..

Texte Laurent Hoebrechts

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