Blockbuster peut rimer avec esthétique et gameplayaudacieux. La preuve avec Heavy Rain, MadWorld et Mirror’s Edge, révélés au salon de Leipzig.

L’E3 de Los Angeles se limitant désormais aux professionnels, la tentaculaire Game Convention de Leipzig fait désormais autorité, avec un bilan de 207 000 gamers cette année. Tir à vue subjective futuriste, jeux de rôle massivement multijoueurs heroic fantasy, adaptations de mangas, courses de voitures débridées… Les poncifs de bonne facture pétaradaient encore à tout va parmi les nouveautés dévoilées récemment. Caché derrière Warhammer Online, Need For SpeedUndercover et autres itérations de Dragon Ball, un trio se distinguait pourtant du lot en jouant la carte du parti pris filmique, de l’audace esthétique et de la mécanique singulière.

Orchestré par David Cage ( Fahrenheit mais aussi le Nomad Soul avec David Bowie) chez Quantic Dream, Heavy Rain a attiré tous les regards avec une mise en scène épousant celle d’un thriller signé David Finscher. Auréolée de plans caméras élaborés et stressants, cette production adapte son gameplay au récit, et non l’inverse. La modélisation graphique des personnages éblouit. Les multiples embranchements – prometteurs d’une réjouabilité croustillante – du cadre narratif convainquent. Mais Heavy Rain est loin de verser dans le film interactif banal. Le buzz de Leipzig s’apparente à un jeu d’aventure à énigmes et dialogues, parsemé de phases d’actions Quick Time Events qui demandent des combinaisons synchrones de pression de boutons à la manette pour combattre et se dissimuler. L’expérience offrira d’ailleurs une maniabilité aventureuse. Afin de se concentrer sur l’investigation sans se perdre dans la complexité de changements de caméras et angles de vue, on avance avec la gâchette et utilise le stick du joypad pour diriger le regard et faire apparaître des menus d’interaction avec le décor.

Terreur, noir sur blanc

Stylisé et franchement punk, MadWorld s’offre une première en osant un code graphique noir et blanc, tacheté de rouge pour le sang. Pari osé. On pense aux cases du Sin City de Frank Miller et à son long métrage. D’autant que le style comics et l’ambiance complètement déjantée sont de la partie. Les créateurs du jeu (ex-Cloverfield Studio) délaissent pour de bon les estampes poétiques et interactives d’Okami pour une architecture urbaine édentée et tranchante. Plus choquant que GTA, ce beat them all de l’extrême utilisera les capacités de détection de mouvement de la télécommande Wii et de son nunchuk pour simuler tronçonneuse ou cisailles géantes. Deux exemples qui ne sont qu’un début pour des massacres spectaculaires. Hyperviolent et déjà sujet de polémique en Grande-Bretagne et en Allemagne.

Loin de ces deux morbidités, Mirror’s Edge des Suédois de Digital Illusions CE (la saga Battlefield) pioche ses idées de gameplay avec agilité dans Cours, Lola, cours et Yamakasi. On y incarne Faith, messagère féline colportant de toit en toit des informations vitales dans un monde (trop) idéal où les télécoms sont étroitement surveillées. On apprécie l’ambiance cotonneuse épurée, tachetée de codes couleurs (tuyau, poutrelles, plate-forme…) jouant un rôle dans le gameplay pour réaliser des acrobaties ahurissantes. Plus surprenant encore, le titre brouille les pistes du sacrosaint style FPS (jeux de tir à la première personne) en l’amputant de sa dimension fusillade pour se concentrer sur l’art du déplacement. Une liberté de mouvement encore jamais vue dans un FPS qui amènera le joueur à trouver sa voix à travers des obstacles à priori impossibles à franchir. Un titre vraiment vertigineux attendu pour la mi-novembre.

Heavy Rain, prévu l’an prochain sur PS3. www.quanticdream.comMadWorld, prévu fin 2009 sur Nintendo Wii. http://fr.sega.beMirror’s Edge, prévu ce 14/11 sur Xbox 360, PS3 et PC. www.mirrorsedge.com

Michi-Hiro Tamaï

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