Objet d’espoir autant que de craintes, OnLive entend dématérialiser PC et consoles pour y jouer à distance. Le Gaming On Demand, l’avenir du jeu vidéo?

A la poubelle nos PlayStation 3, Nintendo Wii et Xbox 360? La question pourrait se poser suite à la présentation, par Rearden, d’OnLive, un service de Gaming On Demand comparable à du jeu vidéo en streaming qui permet de dématérialiser le hardware vidéoludique. En développement depuis sept ans, ce service de jeu vidéo à la demande compte profiter de la montée en puissance des débits de nos connexions Internet pour se faire une place sous le soleil du gaming.

Soutenu par de grosses pointures de l’édition vidéoludique(1), le principe de ce système de jeu à distance développé par Steve Perlman et Mike McGarvey (respectivement co-auteur de QuickTime et ancien PDG d’Eidos) est simple. Si on possède un PC ou un Mac, OnLive ne demande qu’un famélique plug in d’un Mo. Dans les autres cas, l’utilisateur connecte en HDMI un petit boîtier – la MicroConsole – sur son téléviseur. Ne cherchez pas de lecteur Blu Ray, de carte graphique, ni même de disque dur dans ce terminal. Il ne sert qu’à brancher des manettes USB et un câble Internet haut débit.

Le hardware nécessaire au stockage et au calcul en temps réel des graphismes 3D des jeux ronronne à distance, greffé à des super serveurs commandés en temps réel par les joueurs. Lorsque ces derniers dirigent leur josystick, ces super PC renvoient instantanément une image en streaming des déplacements de Lara Croft à l’écran. Comme si son joypad (aux côtés de centaines d’autres) était connecté via un très long fil (1500 kilomètres maximum) à une console de jeu monstrueuse.

Scénario orwellien

A propos de connexion, la qualité graphique du jeu sera proportionnelle (et adaptative en temps réel selon OnLive) à la force du débit de sa ligne Internet. Pour survivre, OnLive se nourrira d’un réseau de 1,5 Mbps au minimum. Et de 5 Mbps (l’équivalent d’une connexion moyen de gamme chez nous) pour afficher de la Haute Définiton en 720 pixels. La Full HD relève encore de la science fiction et demandera 100 Mbps. Soit quatre fois plus que le maximum proposé en Belgique par Telenet et cinq fois celui de Belgacom.

Annoncé pour cet hiver aux USA uniquement, OnLive s’articulera autour d’un abonnement, à un prix avoisinant les 40 euros par an. Intéressant pour les joueurs occasionnels qui ne veulent pas investir une grosse somme dans un PC ou une console dernier cri. Et pertinent en ces temps de conjoncture même si à ce jour, le tarif de location ou d’achat des jeux reste inconnu. Ce modus operandi irritera toutefois les hardcore gamers car on ne parle ici que de droit d’accès au jeu limité (ou non) dans le temps. Le titre ne se retrouvera donc jamais entre leurs mains. Ni même sur leur disque dur. Quid des pannes de réseau? OnLive évite la question.

S’il ne se tourne pour le moment que vers des jeux PC ( Bioshock, Burnout Paradise, F.E.A.R. 2, Mirror’s Edge, Prince of Persia, The Wheelman et World of Goo ont déjà été annoncés), OnLive lorgne sans complexe les gamers console de par son line-up et sa compatibilité télé. La boîte de Pandore est entrouverte et pourrait contaminer tout l’univers du gaming en cas de succès franc. Avec comme corollaire un danger monopolistique en matière de distribution et une mainmise permanente sur le contenu possédé par le joueur. Sans oublier la fin de la pluralité des supports vidéoludiques, jusqu’ici garants de l’exceptionnelle concurrence créative qui en découle. l

(1) Codemasters, Eidos, Electronic Arts, Epic Games, Take Two Interactive et Ubisoft.

Michi-Hiro Tamaï

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