J.B.

Style d’électronique down tempo, distinctement influencé par le hip-hop (qui se débarrasse de son phrasé rap), le jazz, le dub et les musiques de film, le trip-hop a germé dans les années 90 en Angleterre. Plus spécifiquement à Bristol. Alors que le hip-hop américain s’installait confortablement sur les marchés européens, les DJ’s britanniques ont commencé par lui apporter quelques couleurs locales…  » Trip-hop n’est pas un mot que nous apprécions et que nous, musiciens, avons choisi, précise d’emblée Adrian Utley, guitariste de Portishead, un de ses plus illustres représentants. Des gens se sont juste mis à utiliser ce terme pour qualifier notre musique. La première fois que j’ai vu cette expression, je lisais un article sur Unkle. Prenez un groupe comme Sun O))). Doom, drone metal… ça ne veut rien dire. Ce ne sont que des étiquettes. Les journaux sont faits de mots et de papier… Le trip-hop représente un pseudo mouvement auquel aucun d’entre nous ne voulait vraiment se retrouver lié.  » Il est en gros considéré comme une musique planante, souvent mélodique, mélancolique et calme, qui cherche à procurer une émotion transcendante en misant sur un côté innovant et expérimental.

Sorti en 1991, Blue Lines de Massive Attack est généralement cité comme l’une de ses premières manifestations. Si en 1993 James Lavelle crée à Londres le label Mo’Wax et rencontre le Californien Josh Davies, alias DJ Shadow, Portishead et Tricky remettent Bristol à l’honneur un an plus tard. Le terme trip-hop est alors créé par un rédacteur du magazine Mixmag, en guise d’abréviation d’Abstract hip-hop.  » La scène de Bristol n’a jamais vraiment existé. C’est une invention. Il n’y a jamais eu beaucoup de connivences entre nous. Nous nous croisions en soirées. Nous buvions quelques bières mais nous ne traînions pas ensemble en studio. Tout le monde travaillait dans son coin. Tout le monde a suivi son chemin. Je trouve intéressant que nous ayons emprunté des parcours différents. Même si j’ai du mal à le suivre, j’ai beaucoup de respect pour Massive Attack. Tricky, lui, a fait tellement de choses. Il y a chez lui une intensité folle. Il s’agit d’un mec très prolifique.  » Si les artistes ont vieilli, mûri, changé, Bristol aussi.  » Tout est différent, reprend Utley. Au début des années 90, la ville était en pleine ébullition culturelle. Nous vivions dans un monde nouveau. Guidé par l’exploration musicale. Certaines choses n’ont jamais été réentendues depuis. Bristol dispose d’une belle tradition en matière de musique mais elle n’a pas fait grand-chose pour la conserver. J’ai vu germer des hôtels, des apparts de luxe et des casinos mais pas une seule salle de concert digne de ce nom. Bristol n’est plus ce qu’elle était au début des années 90. A l’époque, on pouvait palper une excitation, une fraîcheur, une nouveauté qui ont disparu. Nous essayions de nous émanciper des diktats londoniens.  »

La relève s’assure dans d’autres domaines. Le Bristol Sound est méconnaissable.  » Pour l’instant, on trouve des groupes d’avant-garde intéressants comme Gonga et The Heads. On entend pas mal de doom et la scène dubstep a vraiment quelque-chose. Des gamins de 18 ans font de la musique fantastique. Ils ont beaucoup de respect pour le passé de Bristol mais ils le samplent sans ménagement ni vergogne.  » Si les groupes de trip-hop (qui sont aujourd’hui déclinés sous de nombreuses et diverses étiquettes: acid-jazz, electro-dub, electro-jazz) sont principalement britanniques, le mouvement a gagné le monde entier. Et pas seulement parce que Portishead a vendu 150 000 copies de Dummy au Etats-Unis avant même d’y avoir tourné. Le groupe belge Hooverphonic lui a, par exemple, souvent été associé.

J.B.

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