Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

20.35 FRANCE 2

PRÉSENTÉ PAR PATRICK SÉBASTIEN.

Que de matière, évidemment, pour frôler le « sujet Patrick Sébastien ». En plusieurs décennies de pratique télévisuelle assidue, Patrick Boutot, de son nom d’écolier, en a fait voir des vertes et des blettes à ses contradicteurs comme à ses nombreux fans. L’homme est populaire, souvent dans un sens qui fleure le camembert épuisé, mais il plaît au plus grand nombre par ce grand c£ur débonnaire qu’il n’hésite pas à livrer à nu, jusqu’à l’éc£urement. Sébastien a traversé la vie comme on traverse un champ de pièges à loups, un paquet d’épreuves – du père inconnu à sa propre paternité précoce, puis la mort, 19 ans plus tard, de ce fils Sébastien, à l’origine de son pseudo – ont fait de lui ce faux naïf coupable, par ce débit d’amour incontrôlé, de l’un des plus pénibles navets ( T’aime) de l’an 2000.

Garant d’un certain bon sens populaire, voire populiste, maniant l’humour grassouillet avec la légèreté d’un chêne chevelu, l’homme déstabilise parfois les idées toutes faites par une remarque sensée, sensible ou par cette fameuse honnêteté un peu exhibitionniste. Puis, il y a Sébastien l’artiste, l’imitateur, le producteur, celui de Sébastien, c’est fou et de ses multiples émissions de variété – on se rappelle qu’il eut maille à partir avec les associations antiracistes après son sketch Casser du noir dans Osons! -, celui qui s’est déguisé à n’en plus finir et qui a lancé une volée d’humoristes aujourd’hui bien plus « hip » que leur bienfaiteur: on pense à Dany Boon ou encore à Jean Dujardin, repéré avec ses compères des Nous C Nous à la fin des années 90.

TOURNER LES SERVIETTES

Enfin, il y a le Sébastien du Plus grand cabaret du monde, soit l’une des émissions les plus bipolaires qui soient, car elle alterne l’incroyable et le pathétique avec la plus grande régularité du monde. Sur scène, les tours de magie et tours de force laissent régulièrement bouche bée leurs téléspectateurs: issus des quatre coins de la planète, les artistes présentés méritent dans presque tous les cas la lumière qui est momentanément fixée sur eux. Mais c’est le reste qui coince… Et le reste, ce sont ces tables rondes d’invités has been au carré (cette semaine, Antoine, Fiona Gélin, Didier Gustin, Agnès Soral…) ou forcés de cachetonner parce qu’ils doivent leur carrière à Sébastien, ou parce que l’émission s’insinue dans plusieurs millions de foyers français, au point de rafler la mise presque à tous les coups, le samedi, en termes d’audience. Ce qui donne, à chaque fois, des scènes embarrassantes où les invités, en fin d’émission, sont forcés de « faire tourner les serviettes » sur les velléités chantantes de ce bon Patrick Sébastien, troubadour autoritaire de bal musette géant.

Guy Verstraeten

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