Le petit chat est mort

Pour annoncer à ses filles la mort de leur chat âgé d’un an et cinq mois, victime d’une embolie pulmonaire, Xavier de Moulins soupèse les mots. Ils sont sans issue: personne ne sortira du chagrin. « Au fond de la crevasse, le drap noir de chagrin nous recouvre, il nous tient chaud et nous donne froid, tout devient gris. » L’auteur rembobine ensuite la vie commune avec ce compagnon « chasseur de spleen, attrape-coeur délicieux, ce masseur de l’âme ». D’abord le refus, pétri de préjugés: la crainte d’avoir un fil à la patte, les arguments définitifs sur la corvée des litières, les griffures en traître. Ensuite le choix de l’animal du côté du village de l’enfance, terre perdue des illusions, la joie solaire de sa fille, les souvenirs qui affluent. Xavier de Moulins détricote les moments d’apprentissage, les leçons gagnées au contact du fauve qu’ils ont adopté: « (…) tu m’as appris l’instant présent. J’avais lu sur le sujet des livres poussifs, j’ai tout compris dans tes yeux jaunes. » Essorant sa peine dans un court récit tout en douceur, le journaliste et écrivain interroge l’incommunicabilité du deuil – « ce n’est qu’un chat ». Travaillé par la place manquante, l’idée du vide, il revient alors à pas de loup sur la perte d’un ami, d’un parent. « Un animal qui s’en va, ça parle à l’âme des hommes autant que la mort des hommes. »

De Xavier de Moulins, éditions Flammarion, 128 pages.

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