Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

Certes, Morrissey, Indochine et d’autres se dévêtissent, mais jamais complètement…

Dans les années 70, une mode discutable voyait les supporters de football tenter de traverser le terrain au milieu du match en nu intégral. Ce qui donnait des courses à la quéquette libre d’autant plus classes que, généralement, le streaker gardait pudiquement son écharpe bariolée de footeux autour du cou. A la même période, un certain Iggy Pop posait frontalement pour la caméra de Gérard Malanga: l’iguane maigre était debout, le sexe clairement exposé. Du total intégral, en noir et blanc, comme celui pratiqué par John Lennon & Yoko Ono sur la pochette d’ Unfinished Music N°1: Two Virgins paru en 1968. La rébellion artistique passait donc par le déshabillage final des stars. Quatre décennies plus tard, il semble que la mode soit revenue, mais contexte et attitudes ont changé. Dans le climat actuel plus proche du néo-conservatisme que de la folie débridée, l’acte de se déshabiller face à un photographe se propage certes, mais dans un cadre soigneusement calibré. Que ce soit le calendrier viril des pompiers new-yorkais ou des rugbymen français, le muscle s’exhibe. Mais comme dans la récente photo de Morrissey et de sa bande de quatre musiciens, le sexe reste soigneusement à couvert. Ironique, l’auteur de This Charming Man prend soin de dissimuler son point de virilité avec un 45 Tours. Non percé en son centre…

Aux côtés de ses quatre camarades, Morrissey apparaît comme un solide Irish boy plutôt nourri au stew de maman que bio-végétalien affamé. C’est encore plus soft chez Indochine où Nicolas Sirkis et son guitariste Boris Jardel posent effectivement nus, mais leur intimité suprême est camouflée par une main ou un lettrage opportuns. Toujours des promesses… Même type de nudité contrôlée à l’affiche du film français Le bal des actrices où l’enchevêtrement de corps de femmes n’a pas la sexualité ouverte que Jimi Hendrix offrait via une pochette de filles topless – la première version, non censurée – pour Electric Ladyland en… 1968. La pseudo-exhibition actuelle fait donc penser aux tentatives maladroites d’ados tardifs qui pensent scandale alors que la réalité est plus proche de La petite culotte dans la prairie. En 2009, montrer le sexe frontalement, crûment, reste tabou. Autant pour l’homme que pour la femme, ce qui tend à montrer qu’effectivement, l’égalité des sexes est enfin arrivée à maturité. Parlez-en donc aux chaussettes cache-sexe des Red Hot Chili Peppers…

Philippe Cornet

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