Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Vision panoramique – Il fait bon s’aventurer à Paris en ce moment. Tout au long de novembre, le Mois de la Photo fait de la Ville lumière une boîte noire.

A Paris, du 1/11 au 30/11.

Surtout, ne pas se fier à l’intitulé pompeux. Le sous-titre Photographie européenne, entre tradition et mutation – on a déjà échappé à  » entre tradition et modernité » – n’est pas de ceux qu’on aime. Du genre fumeux à souhait. D’accord, la France préside l’Europe pour quelques semaines encore mais est-ce une raison pour balancer un slogan qui sent le pipeau à plein nez? Heureusement, le propos n’est pas là. Il se trouve dans le choix d’une centaine d’expositions qui s’offrent à l’amateur. Et là, bonne nouvelle, on se réconcilie avec la direction artistique du projet. Musées, galeries et centres culturels parisiens chantent à l’unisson un hymne joyeux qui tinte agréablement dans l’oeil. Comment pourrait-il en être autrement? Le panorama proposé illustre magnifiquement les bouleversements que connaît la photographie aujourd’hui. De la même façon que l’Europe n’est plus la même depuis l’effondrement du mur de Berlin, l’irruption du numérique et ses conséquences -disparition progressive du papier argentique, modification des processus de développement et des modes de diffusion – entraînent une redéfinition du rôle du photographe, mais aussi du statut du medium, dans un contexte de mondialisation.

Multiplication des regards

Venus des quatre coins de l’Europe – mais aussi d’horizons temporels différents -, les photographes exposés restituent la complexité d’une boule à 27 facettes. On devine une inatteignable réalité derrière autant de coups de projecteurs dans la nuit de la réalité. Le Mois de la Photo multiplie les approches. Au Centre Pompidou, il se donne sous son angle le plus prospectif en mettant en avant le travail d’Hans Bellmer, Natacha Lesueur et Erwin Wurm. Trois objectifs pour saisir les arcanes de l’expérimentation photographique en Europe. Dans un esprit comparable, le musée d’Art Moderne de Paris organise une passionnante exposition sur l’Ecole de Düsseldorf. Soit un événement qui permet de voir dans le même élan les images de Bernd & Hilla Becher, Sigmar Polke, Candida Höffer, Thomas Ruff, Hans-Peter Feldman ou Andreas Gursky. Difficile de faire mieux. Il ne faudrait pas pour autant réduire cette messe visuelle à un événement élitiste. Des démarches plus faciles d’accès sont également inscrites au générique. Ainsi du travail de McDermott et McGough exposé à la Maison européenne de la photographie. Ces deux photographes ont fait le choix de revenir aux techniques premières de la photo pour des images que l’on croirait sorties du temps passé. Sans oublier, également à la MEP, Sabine Weiss, cette Suissesse qui balade depuis 45 ans un regard tendre sur le monde.

www.mep-fr.org

Michel Verlinden

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