Les retours d’AC/DC, Trust, Kiss, Guns N’ Roses, nous invitent à parler du look hard. Avec plaisir.

J’le croise tous les matins (refrain). Et, au milieu des parents standards, il est fascinant: la trentaine en barbe bourrue et cheveux longs bruns qui dépassent d’une casquette frappée du nom d’une marque d’huile (de moteur pas d’olive), des vêtements sortis du stock américain en 1975 et une veste de hockeyeur canadien à la retraite. Sans négliger un ventre de consommateur de houblon. Et puis aussi une voiture (japonaise) qui fait une sévère allergie au car wash, bardée d’autocollants confirmant tous les soupçons: cette personne est bien un « hard-rocker ». On a très envie de lui demander, poliment:  » Pouvez-vous me dire, Monsieur, en quelle année sommes-nous? »

Voilà donc un rescapé d’une espèce jamais vraiment congelée puisque le hard – vilipendé, moqué, snobé – n’est jamais mort. Merci saint-Marc Ysaye. Même qu’à peu près quarante ans après son officieuse naissance, il fête en fanfare une nouvelle vitalité. On citera la reprise des activités chez les lourds Français anti-sociaux de Trust et une nouvelle tournée annoncée par Kiss, groupe qui, longtemps avant Amy Winehouse, a justifié l’expression: « maquillé comme une voiture volée ». Mais la pièce de consistance revient à Guns N’ Roses et AC/DC.

Les premiers, après 47 changements de musiciens, sortiront l’album Chinese Democracy(1) le 25 novembre, premier matériel studio original depuis… 1991. On a suivi la très belle progression capillaire d’Axl Rose et sa « führer » de vivre. Ces temps-ci, quelques kilos supplémentaires semblent l’éloigner du port du short dit moule-boules – accessoire parfaitement accordé à ses Doc Martens et sa voix de coyote en transe -, Axl se faisant désormais davantage remarquer par une coiffure en cornrows. A ne pas confondre avec les dreadlocks, les « rangées de maïs » sont faites d’une tresse plate et d’extensions de diverses couleurs. Axl, 46 ans, ressemble maintenant à un type échappé d’un camp de poulpes orphelins tellement affectueux que l’adoption crânienne semblait la seule option possible. Normalement, la brigade du bon goût intervient de toute urgence mais là, Axl est déjà hors zone, hors catégorie.

La marque AC/DC

Dans ce no man’s land du non-goût qu’est le hard, il y a AC/DC. Avec une allure prononcée de quinquagénaires chevelus cousus à leur jeans et tee-shirt, ils font d’assez mauvais candidats pour les soirées chez Karl Lagerfeld. Sur les récentes photos de promo synchros avec leur « nouvel et formidable album », le guitariste Angus Young, 53 ans (…), porte son fameux short, le gimmick qui, accompagné d’un cartable d’écolier, fait partie de la marque AC/DC depuis le premier album sorti en 1975. Depuis lors, l’Angus est devenu aussi populaire dans les boucheries que dans les magasins de disque: il s’agit, comme tout le monde le sait, d’un morceau de viande rouge à consommer bien saignant. Fais gaffe, gamin, pas de tâche sur le short en mangeant hein!

(1) L’album a coûté 13 millions de dollars, ce qui en fait le disque le plus cher de l’histoire du rock.

DE philippe cornet

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