Térénez, dernière boucle de l’Aulne où serpente la Bretagne. Sur un îlot perdu où le courant drosse les épaves entre deux tourbillons, un cabanon de pêcheur se transforme en caverne d’Ali Baba: un Gauguin licencieux aurait échoué sous un torchon de ferme. Harponné par les jumeaux Kerven lui faisant miroiter un pactole, l’antiquaire Bastien Scorff veut croire au miracle. Pensez donc, une huile bretonne de 1890 représentant Marie-Jeanne Henry, alias Marie Poupée, logeuse au Pouldu, exposant son intimité façon Origine du monde: » Une sex-tape de l’époque! » Admettons. Trois cent mille euros en liquide, fourrés dans un sac Adidas et l’affaire est entendue. Manquerait plus qu’un grain de sable vienne enrayer la machine… Avec » un oeil posé sur chacun« , Jean-Luc Coatalem, un crack, fait bon usage de la bâche de chantier comme du Berlingo full access et signe un petit noir bien serré à siffler d’une traite. Soit une histoire de contrefaçon rustique, cousue avec un sens de la réplique qui fait mouche, au bagou bien huilé et les caractères trempés dans le vert anis des crépuscules. Affilé comme les premiers albums de Miossec, on y boit, on y baise, on y fume -les mêmes petits cigarillos que l’inspecteur Columbo. » Vin chaud aux épices, trois euros le gobelet, comme indiqué sur l’ardoise. » Embarquement immédiat.
De Jean-Luc Coatalem, éditions Le Dilettante, 192 pages.
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