Le Détroit de la faim

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S’il n’a pas la réputation des Kurosawa, Mizoguchi, Ozu ou autre Naruse, Tomu Uchida (1898-1970) n’en compte pas moins parmi les cinéastes nippons majeurs, sa filmographie, s’étirant de l’époque du muet jusqu’à l’orée des années 70, l’ayant par ailleurs vu se frotter aux genres les plus divers. Avec Le Détroit de la faim (1963), le réalisateur d’Okayama s’attelait à une vaste épopée policière, errance en noir et blanc inscrite dans le Japon de l’après-guerre. L’action débute en septembre 1947, lorsque le ferry qui assure la liaison entre les îles de Hokkaido et de Honshu fait naufrage suite à un typhon, un trio de criminels, assassins présumés d’une famille de prêteurs sur gages, profitant de la confusion générale pour s’enfuir. Les corps de deux d’entre eux ayant été rejetés par la mer, l’inspecteur Yumisaka (Junzaburô Ban) se lance à la poursuite du troisième, Inukai (Rentarô Mikuni), ce dernier trouvant refuge chez Yae (Sachiko Hidari), une prostituée, avant de disparaître dans la nature. Dix ans plus tard, l’enquête, sinueuse, va rebondir inopinément… Fresque policière de grande ampleur, Le Détroit de la faim est aussi l’occasion pour Uchida de tirer le portrait de la société japonaise de l’époque, la désolation et la précarité servant de toile de fond réaliste à ce film noir lorgnant le pamphlet social. Une dimension qui, combinée à la modernité de sa mise en scène, avec notamment un recours particulièrement inspiré à la solarisation, et à la finesse du jeu des acteurs, contribue à donner un éclat singulier à ce film oublié. Mieux qu’un polar, un classique, inédit à ce jour en Blu-ray, et que la critique nippone a élu troisième meilleur film japonais de tous les temps, pas moins.

© National

De Tomu Uchida. Avec Rentarô Mikuni, Ken Takakura, Sachiko Hidari. 1963. 3h03. Dist: Carlotta.

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