Le Dernier Loup

« Franchement, qu’est-ce que tu vas aller faire en Estrémadure? » Lorsqu’il reçoit une invitation afin d’écrire sur cette région reculée d’Espagne en plein essor, un ancien professeur de philosophie est persuadé qu’il s’agit d’une erreur. Pourquoi s’adresserait-on à lui, qui a renoncé à la pensée et à l’enseignement depuis des années? C’est le récit de ce voyage et de l’enquête autour du dernier loup dans laquelle il s’est retrouvé plongé, qu’il relate dans un bar berlinois où s’écoulent ses journées, « qu’est-ce qu’il faut pas entendre! grommela le barman »… Impossible de siroter à petites gorgées ce tour de force stylistique. Une novella d’une seule phrase qui court sur 70 pages, portée par un souffle d’une justesse sans égale. Au coeur du tourbillon du flux de pensées, une réflexion virtuose sur la vanité des choses, puissante sur la matière romanesque, subtile quant aux liens entre l’homme et la nature. Le Hongrois László Krasznahorkai embrasse l’inexprimable, donne forme à des contenus insaisissables, « alors même que la langue était hors service, (…) que la pensée avait perdu son sens de l’aventure, du défi, qu’elle n’avait plus de profondeur », reposant comme un paquet de linge sale.  » Bah voyons, bougonna le barman en empilant nerveusement les verres devant lui. » Ébouriffant!

De László Krasznahorkai, Éditions Cambourakis, traduit du hongrois par Joëlle Dufeuilly, 80 pages.

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