Mettez sur la TV un vieux film hollywoodien -The Wizard Of Oz – coupez le son et lancez parallèlement The Dark Side Of The Moon de Pink Floyd. Le mariage est étonnant.

En 1995, Charles Savage, un journaliste américain, est le premier à débusquer le microphénomène suivant: si on met ensemble The Wizard Of Oz – comédie historique de la MGM sortie en 1939 – et l’album le plus connu du Floyd, on obtient un fascinant synchronisme. La musique soutient effectivement l’action des personnages pendant plus de cent moments! Hasard cosmique ou mirage cinématographique? On décide de faire le test, d’abord avec le couple Mulholland Drive et le dernier Girls In Hawaii. Le son du film de Lynch coupé, le bizarre pré-générique où des danseurs s’agitent un peu ridiculement se déroule sur le très beau This Farm Will End Up In Fire. Le tempo légèrement rapide colle bien à l’entrée du film où l’on suit une limousine dans la nuit. Premier « hasard » heureux, le titre s’arrête pile sur la fin du générique alors que le nom de David Lynch apparaît.

CELA FONCTIONNE!

On enchaîne avec un second morceau plus posé au moment où surgit du noir l’impressionnant visage de la belle Laura E. Harring, la chanson légère coïncidant avec un crash de voiture sanglant. On pourrait souligner la finesse du contre-emploi mais l’orgue titubant de Sun Of The Sons épouse bien les déambulations de l’héroïne perdue sur les hauteurs nocturnes de L.A. Le morceau s’éteint à 8 minutes 3 secondes et Laura s’endort…

Autre synchro un peu plus tard, lorsque les visages des deux flics de service accompagnent un break de guitare qui semble réveiller Laura. On apprécie beaucoup les aboiements de chien sur 05.20.22 quand un personnage cligne des yeux et on dirait que Shades Of Time est fait pour l’arrivée de Naomi Watts à l’aéroport… Elle est radieuse, il pleut dans la chanson et cela fonctionne!

TROUBLANT

Au fur et à mesure pourtant, le nouveau couple Lynch/GIH bat de l’aile, le mystère du film semblant dilué dans la pop acide du groupe. On décide donc d’un deuxième mélange: C’est arrivé près de chez vous, le classique du cinéma belge, accouplé au dernier disque de Jacques Duvall et Phantom, Hantises. D’emblée, il est clair que ces deux-là sont faits pour s’entendre, Duvall chantant Il doit y avoir un truc sur un accompagnement de rock’n’roll alors que Poelvoorde finit d’étrangler sa première victime! Il est question de  » commissaire qui a tout vu dans sa vie » alors que Benoît P. balance un cadavre du haut d’un pont…

Egalement troublant, L’amour aigre-doux débute sur un facteur assassiné. Amour vache donc et amour bavard puisqu’on rate les dialogues de C’est arrivé pour ceux, aussi gratinés, de Duvall. Evidemment, on n’entend plus les victimes du film crier et suffoquer mais on a les images noir et blanc muettes accompagnées des mots nocturnes de Duvall & C° pour une nouvelle £uvre belge, doublement cruelle. Deux pour le prix de deux, l’accouplement est devenu échangisme. Merci de nous informer de vos expériences domestiques de coupling…

lA CHRONIQUE DE philippe cornet

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content