Avec Looking for Eric, le réalisateur anglais touche à l’une de ses passions de toujours, le football. Qu’il évoque au détour d’un entretien…

Ken Loach à Cannes, quoi de plus naturel. Le réalisateur anglais compte parmi les habitués d’un festival où il a obtenu la Palme d’or il y a quelques années, pour The Wind That Shakes the Barley. S’il y est de retour aujourd’hui, c’est pour parler cinéma, bien sûr, mais aussi football – le sujet même de Looking for Eric, son dernier film, où le coach Loach s’est trouvé un acteur/joueur de choc en la personne d’Eric Cantona.

Quelle place occupe le football dans votre vie?

Je vais au match chaque semaine. C’est à la fois excitant et amusant. C’est même plus que cela, avec la douleur que cela suppose: le supporter d’une équipe s’apprête à perdre environ la moitié des matches sur une saison, il y a là une part d’abnégation. Pour peu que votre équipe perde constamment, il ne vous reste plus qu’à assister à tous les matches, il ne saurait être question de la laisser tomber.

Quelle équipe supportez-vous?

Ce n’est pas l’un des clubs de la League, mais Bath City, qui évolue en sixième division. Nous avons vécu une saison correcte.

Vous étiez fan de Cantona?

Comme n’importe quel fan de football. Il était excellent footballeur, avec la technique requise, mais aussi la spontanéité. Et il pouvait toucher la foule avec sa personnalité. (…) Pour mesurer l’impact qu’avait Eric Cantona sur les gens ordinaires, vous devez imaginer la plus grande star présente ici à Cannes, et multiplier cela par dix, c’était colossal.

Quel est votre sentiment à l’égard de l’évolution du football, d’un sport vers un business?

Cela ne vaut que pour les clubs du top. C’est un business pour n’importe quel club, parce qu’ils ne peuvent pas perdre de l’argent, mais la mainmise de financiers internationaux ne concerne que le top. La plupart des gens supportent des clubs qui n’appartiennent pas à ce cercle. Et pour le top, c’est navrant: une bonne partie des vrais supporters ne peut plus se permettre d’aller au stade, à moins de se saigner.

Dans le court métrage que vous aviez tourné pour le 60e anniversaire du Festival de Cannes, les protagonistes finissaient par se rendre à un match plutôt qu’au cinéma. Le football est-il plus fort que le cinéma en termes de dramatisation?

Habituellement. Si vous me donnez le choix entre un match moyen et un film moyen, j’irai voir le match. Bien sûr, il y a des exceptions, des £uvres majeures. La ligne dramatique d’un match est surprenante, bien souvent on ne sait pas, jusqu’à la dernière minute, quel sera le résultat. Alors que dans la plupart des films, on sait à la moitié comment cela va se terminer…

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