DEUX BLOCKBUSTERS MAOUSSES DE L’ÉTÉ DÉBARQUENT EN BLU-RAY. L’OCCASION DE REVENIR SUR DES MODES DE CONCEPTION ET DES ACCUEILS SINGULIÈREMENT DIVERGENTS.

The Lone Ranger

DE GORE VERBINSKI. AVEC ARMIE HAMMER, JOHNNY DEPP. 2 H 29. DIST: DISNEY.

4

Pacific Rim

DE GUILLERMO DEL TORO. AVEC CHARLIE HUNNAM, IDRIS ELBA, RINKO KIKUCHI. 2 H 11. DIST: WARNER.

6

C’était LA superproduction Disney de l’été. L’exhumation du Lone Ranger, héros de l’Ouest combattant les injustices popularisé dès les années 30 par un show radio puis dans les années 50 à la télévision. Cornaquée par l’équipe gagnante de Pirates of the Caribbean (même réalisateur, même producteur, même Johnny Depp déguisé), la chose entendait appliquer au western le relifting blockbusterisant qui avait si bien fonctionné avec le film de pirates. Mieux: alors que Pirates of the Caribbean s’inspirait directement d’une attraction de Disneyland, The Lone Ranger avait tout d’un enchaînement quasi ininterrompu de divertissements forains: train lancé à toute berzingue, rodéo, rivière sauvage, freak show…

Seulement, à l’arrivée, il y a eu comme un hic: avec un budget de production avoisinant les 250 millions de dollars (!), et un budget de marketing international de près de 175 millions de dollars (!!), le film, nouveau John Carter pour la maison Disney, a fait un énorme four dans les salles. Et ce divertissement spectaculaire mais sans âme d’accréditer la thèse d’un été tout pourri en matière de blockbusters -les échecs de After Earth, White House Down, R.I.P.D. …- voire carrément celle, chère à Spielberg notamment, de l’implosion programmée d’une industrie hollywoodienne n’en finissant pas de privilégier les films à très gros budgets calibrés pour les masses.

Un jeu d’enfant

Sauf que l’été 2013, désastreux pour les uns, a été singulièrement florissant pour les autres -les cartons de World War Z, Man of Steel, Despicable Me 2… Ainsi de Pacific Rim, dont la relative timidité des recettes sur le sol américain ne saurait ternir le véritable raz-de-marée réalisé à l’international, le film-monstre de Guillermo del Toro n’étant rien moins que le plus gros succès original du cinéma mondial en live action pour l’année 2013. A une époque où suites, prequels, remakes et resucées –The Lone Ranger, entre autres, donc- font la loi, c’est peu dire que l’accueil triomphal réservé à une production basée sur un scénario tout neuf -même si parfois bien maigre…- et affiliée à aucune franchise fait du bien.

Et si cette histoire de Kaijus -monstres géants dans la grande tradition des Godzilla, Gamera et autre Mothra- et de Jaegers -robots géants héritiers de la mouvance mecha façon Goldorak ou Tetsujin 28- se mettant joyeusement sur la tronche 130 minutes durant renvoie à des pans entiers de la culture populaire de ces dernières décennies, del Toro a l’intelligence de ne jamais verser dans l’hommage vain ou la référence creuse pour privilégier des créatures originales et uniques. Pacific Rim a ainsi tout du rêve de gosse enfin réalisé, ce que confirme, banane aux lèvres, le réalisateur mexicain dans les nombreux suppléments accompagnant le Blu-ray. Un enthousiasme pour le moins communicatif, à même de faire oublier les énormités d’écriture -dans les dialogues, notamment- et autres raccourcis éhontés parsemant ce blockbuster apocalyptique à l’héroïsme primaire et bas du front totalement décomplexé.

NICOLAS CLÉMENT

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