L’Avenir

Dans le Detroit d’un monde parallèle, où les colons français, aidés par les indigènes locaux, l’auraient emporté à l’époque sur les Anglais, débarque une grand-mère lancée sur les traces de ses petites-filles, aux abonnées absentes depuis le nébuleux décès de leur mère toxico. Célèbre au sortir des années 70 pour sa criminalité endémique et son naufrage industriel, l’agglomération de la Rust Belt apparaît ici plus lessivée que jamais, vaincue par une série de cataclysmes éco-sociaux qui ont laissé exsangues les populations restées là, abandonnant centres-villes et jardins publics, et éventré ou calciné la plupart des pavillons de banlieue. Des hordes d’orphelins tentent de se réorganiser au coeur des parcs, au bord de cours d’eau tour à tour nocifs ou salutaires, tandis que mamie Gloria s’efforce de retisser un lien post-mortem avec sa rejetonne, de s’intégrer à la communauté survivante pour remettre la main sur les gamines. Si le théâtre des opérations n’invite pas franchement à la rigolade, la langue bluffante d’inventivité de Catherine Leroux, comme la chaleur de son ton, l’ingéniosité de sa structure, aménagent des clairières d’espoir, confortées par une solidarité de rescapés, une reconnexion au pas de charge avec la nature, un déferlement de fantastique humanité dans la morbidité tenace de cette désolation générale.

De Catherine Leroux, éditions Asphalte, 304 pages.

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