Lavage de cerveaux – Jeunesses hitlériennes: l’endoctrinement d’une nation

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Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Documentaire de David Korn-Brzoza.

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« À mes yeux, le jeune Allemand doit être mince et élancé, agile comme un lévrier, résistant comme le cuir et dur comme l’acier de Krupp. » Les gosses ne cherchaient pas à comprendre pourquoi mais Adolf Hitler, lui, savait. Il savait que ce qui commençait en collant des affiches finirait une arme à la main sur le champ de bataille. Comme les jeunesses catholiques et communistes, toutes nées du mouvement scout, les jeunesses hitlériennes offrent d’abord des divertissements aux enfants. Ils ne sont qu’une poignée au début. Âgés de 14 à 18 ans. Sans aucune forme de distinction sociale. Hitler est dubitatif mais quand il est reçu par 70 000 petites têtes blondes aryennes entassées dans un stade pour l’accueillir, il comprend qu’ils sont l’avenir de son mouvement. Qu’ils feront le monde de demain. Le monde des nazis… Jeux de terrain, exercices d’orientation, exposés suprématistes autour du feu de camp… Les Jeunesses hitlériennes sont l’opportunité d’échapper à leur ennuyeux petit village et réjouissent les enfants. Le tout dans un cadre libre et aventureux, loin des parents. Le contexte parfait pour faciliter leur endoctrinement… « Certains jeunes étaient fanatiques. Ils étaient plus fanatiques que les vieux. Ils étaient prêts à mourir pour Hitler. À sauter par la fenêtre. Avec eux, il fallait se méfier. Plus qu’avec les adultes. Ils étaient dans la folie. Entièrement soumis au Führer. Ils auraient fait n’importe quoi. » C’est par un biais relativement inhabituel, la jeunesse, et plus spécifiquement la jeunesse hitlérienne, mais aussi avec des images colorisées les rendant encore plus effrayantes, que David Korn-Brzoza raconte ici l’horreur de la Seconde Guerre mondiale. Porté par la voix de Vincent Lindon et celles de vieillards à l’époque manipulés, son documentaire raconte un régime qui a flatté la jeune génération comme aucun autre dans l’Histoire. Un Hitler vénéré et adulé comme une pop star. Puis aussi le marketing. Le « heil » généralisé, réclamé comme un merci ou un bonjour, la réécriture des programmes scolaires. Des soldats qui entre deux attaques redeviennent des enfants. Des ados qui n’ont pas le droit de fumer et de boire mais celui de tuer. Puis un régime qui compte sur leur inconscience face au danger. Un docu édifiant et glaçant. A fortiori au regard de l’actualité…

JULIEN BROQUET

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