L’autre James Whale

Le Baiser devant le miroir © National

La parution en DVD/Blu-ray de trois films des années 30-40 rappelle que James Whale n’était pas qu’un maître de l’horreur.

Non, James Whale n’était pas qu’un réalisateur de films d’horreur. Cinéaste britannique profondément influencé par l’expressionnisme allemand, il reste, certes, avant tout connu pour les imputrescibles Frankenstein (1931), La Maison de la mort (1932), L’Homme invisible (1933) et La Fiancée de Frankenstein (1935). Mais ce surdoué à la carrière éphémère toucha au fond en à peine 12 ans, et pas moins de 21 films, à peu près à tous les genres: drame de guerre, film de cape et d’épée, mélodrame, comédie musicale… Les éditions Elephant Films le rappellent utilement en exhumant trois de ses œuvres un peu oubliées.

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La première, Le Baiser devant le miroir (1933), relève d’abord du drame à suspense puis débouche sur une sorte d’étonnant film de prétoire sous-tendu par une double histoire de jalousie. Un avocat doit y défendre un ami cher qui a tué sa femme adultère, mais réalise en amont du procès que sa propre épouse le trompe. Blessé dans son orgueil, il envisage alors de commettre le même acte fatal que son ami. Exercice de style jouant de la multiplication des reflets pour mieux illustrer les dérives psychologiques de ses protagonistes, le film ose une mise en scène assez exacerbée, aux mouvements de caméra parfois très audacieux, pour habilement interroger la notion -on ne peut plus actuelle, et légitimement controversée- de crime passionnel. Une vraie curiosité.

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La suivante, réalisée également en 1933 et intitulée Court-circuit, tient du marivaudage quasiment lubitschien. Un majordome y est pris pour un aristocrate par une femme du monde et s’ensuit tout un chassé-croisé jouant avec rythme, ludisme et légèreté du quiproquo et du malentendu. Antérieur à l’application stricte du code Hays, et donc émancipé de tout puritanisme, le film s’amuse de l’inversion des rôles socialement admis pour mieux moquer les conventions et le snobisme de classe.

L’Enfer vert (1940), enfin, est un ambitieux film d’aventure emmené par un rutilant casting (Joan Bennett, Douglas Fairbanks Jr., George Sanders, Vincent Price…). Il voit un groupe d’explorateurs s’enfoncer dans une jungle de pacotille à la recherche d’un trésor inca avant de se retrouver aux prises avec une tribu cannibale. Mais c’est surtout l’arrivée impromptue d’une femme dans ce campement d’hommes qui va semer la zizanie, faisant basculer l’ensemble dans un improbable vaudeville aux situations surjouées. Insuccès total, le film coûtera sa carrière à Whale, qui ne tournera pratiquement plus par la suite. Il dégage aujourd’hui un charme au kitsch assez irrésistible.

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DRAME

Le Baiser devant le miroir

De James Whale. 1933. 1 h 09. Ed: Elephant Films.

COMÉDIE

Court-circuit

De James Whale. 1933. 1 h 10. Ed: Elephant Films.

AVENTURE

L’Enfer vert

De James Whale. 1940. 1 h 27. Ed: Elephant Films.

7

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