L’Allègement des vernis

© National

Imaginez le tableau: le plus grand musée du monde, qui est un monde en soi, est en effervescence feutrée. La nouvelle directrice du Louvre, issue du département relations extérieures, dont le sourire d’une infinie gradation cache une ambition et un narcissisme carnassiers, entend dépoussiérer celui de la Joconde et donc procéder à la restauration de cette toile iconique. Ceci au grand dam d’Aurélien, conservateur et directeur du département des peintures auquel le chef-d’œuvre de Léonard de Vinci appartient. Le voici chargé de dénicher le restaurateur qui pourra effectuer cette tâche immense, glorieuse et ingrate tant elle est sujette à risques. Bien qu’il soit question de Mona Lisa, cette fable alerte évoque plutôt Les Proverbes de Brueghel, tant elle fourmille de personnages typés et comiques: un restaurateur italien, sorte de Félicien Rops contemporain constamment lesté de deux maîtresses, un technicien de surface en Barychnikov de l’autolaveuse, ou encore Claire, compagne évanescente du décidément trop conservateur Aurélien, prototype de la Parisienne surfant allégrement sur les modes, les vagues de tendances sans jamais se départir de sa grâce ni de sa beauté. Très documenté, prenant et drôle, ce roman -le premier de Paul Saint Bris- évoque, sous son vernis humoristique, le passage du temps, le vieillissement au gré d’une jolie galerie de portraits.

De Paul Saint Bris, éditions Philippe Rey, 352 pages.

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