La Vie têtue

© National

La vie têtue, c’est celle qui résiste, cette “vie d’endeuillée”, celle d’une femme à qui personne n’a appris à “faire avec la mort”. Une femme, une mère, une fille, une sœur. À travers une adresse à sa sœur disparue prématurément, c’est à toutes les femmes que la narratrice crie sa douleur, et cet héritage si lourd, fait de sang et de violence, cette impression de devoir mener “une guerre permanente envers nous-mêmes”. Avec cette histoire de mort et de transmission, le récit d’un deuil impossible, qui, loin d’être un “état supposé transitoire”, relève plutôt d’une transformation profonde de son rapport au monde, Juliette Rousseau livre un texte court et intense, où l’on suffoque presque avec elle, comme en apnée. On la suit essayant de reprendre son souffle pour remonter à la surface. Avec la mort de sa sœur, puis l’apparition de sa fille, commence une autre vie, modelée par la première, qui s’écrit sur de nouvelles bases. Au cœur d’une nature parfois hostile avec laquelle il s’agit plus que jamais de faire corps, le texte trouve ses respirations, nous invite à un voyage dans le passé de la sœur défunte, dans l’après de la sœur survivante, dans l’histoire de celles qui les ont précédées, en s’autorisant des bulles d’air poétiques à travers une poignée de vers percutants.

De Juliette Rousseau, éditions Cambourakis, 120 pages.

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