La soeur que j’ai toujours voulue

Aux Canaries, dans un quartier populaire à flanc de montagne, Isora et la narratrice sont liées depuis l’enfance  » comme les packs de yaourt qui vont toujours par deux« . La première, plus téméraire, vit à l’épicerie entre sa grand-mère Chela (très croyante et très grossière) qu’elle déteste et sa tante Chuchi. Plus introspective, sa copine  » [sent] déjà cette tristesse de nuages bas au-dessus de [sa] tête« . Entre soupçon de mauvais oeil, tentative avortée d’aller à la plage et découverte du désir, les deux filles ont des rêves plus grands que leur horizon englué. Affamées d’expériences nouvelles, elles tentent de ne vomir que les gros morceaux les plus amers de leur vie. Dans une langue qui, à force d’être frontale, fait jaillissement poétique, Andrea Abreu donne à lire en saynètes saillantes l’orée d’une adolescence  » tellement culottée, tellement pas froid aux yeux« . Sous les attitudes bravaches surnagent pourtant les bleus au corps ou à l’âme et la conscience précoce et aiguë que la misère n’est pas toujours moins pénible au soleil ( » entre [les touristes] et moi, il y avait comme un immense mur en plastique transparent qui sert pour la cuisine« ). Ici, le volcan, toujours en arrière-plan du paysage, est bien le seul à ne pas être en perpétuelle éruption.

D’Andrea Abreu, éditions de l’Observatoire, traduit de l’espagnol (Canaries) par Margot Nguyen Béraud, 160 pages.

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