La Saison du soleil

Publié dans la collection « Vintage » des éditions Belfond, La Saison du soleil réunit quatre nouvelles écrites, au mitan des années 50, par l’écrivain et homme politique japonais Shintarô Ishihara. Pour mesurer l’impact du texte donnant son titre à ce recueil, il faut se reporter à l’article que lui consacrait Marcel Giuglaris en 1957, repris en postface et évoquant l’onde de choc qu’avait suscitée au Japon l’octroi du prix Akutagawa à son auteur. Ishihara y trace, sur les pas de Tatsuya, un adolescent cynique dont le sentiment qu’il  » éprouvait pour Eiko ne pouvait être comparé qu’à sa passion pour la boxe« , un portrait générationnel, celui d’une jeunesse dorée luttant  » contre la morale des hommes mûrs. Ils en avaient assez de sa sécheresse, de son ennui, des déboires qu’elle leur causait. Le monde, que les adultes se flattaient d’avoir élargi et développé, n’était pour eux qu’un cercle étriqué qui leur donnait la nausée et qu’ils voulaient détruire pour plus de liberté, plus de pensée, plus de vie aussi. » Soit une déclinaison nipponne de la figure du rebelle sans cause, dont le recueil propose quatre variations inégalement inspirées, déroulant, au fil des nuits et des jours passés à tuer l’ennui en courant les filles ou en s’enivrant, un horizon nihiliste pavé de violence et de désenchantement. En quoi l’auteur avait à l’évidence capté quelque chose de l’air du temps, La Saison du soleil constituant un phénomène d’édition -2,6 millions d’exemplaires vendus- et de société, un terme, « Taiyoozoku » (tribu du soleil), étant même associé à la jeunesse qu’il dépeignait sans fard.

De Shintarô Ishihara, éditions Belfond, traduit du japonais par Kuni Matsuo, 192 pages.

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