La reine Aretha

Jennifer Hudson interprète avec éclat Aretha Franklin dans un biopic signé Liesl Tommy. Un portrait pluriel de l’artiste, de la femme et de la militante.

L’époque étant particulièrement friande de biopics, il n’était que logique de voir Aretha Franklin bénéficier à son tour d’une canonisation cinématographique, la « queen of soul », disparue en 2018, n’ayant, du reste, laissé à personne d’autre le soin de déblayer le terrain en désignant Jennifer Hudson comme sa seule interprète légitime.  » Toute ma vie a été mon audition« , observe cette dernière dans l’un des bonus proposés avec l’édition Blu-ray de Respect, et c’est peu dire qu’elle s’acquitte de la tâche avec brio, apportant émotion et éclat au film de Liesl Tommy. Le parcours d’Aretha Franklin, la réalisatrice sud-africaine raconte l’avoir envisagé comme celui d' » une femme qui a la plus grande voix au monde, mais n’a pas encore trouvé sa propre voix« , tout en s’employant à relever le défi de faire de la chanteuse  » un personnage et pas juste une icône » . Et d’adopter une approche panoramique, courant de l’enfance à la reconnaissance, tout en se concentrant particulièrement sur une vingtaine d’années, de 1952 à 1972, à savoir des débuts dans l’église baptiste où officiait son père, le révérend Clarence Franklin (Forest Whitaker) et lors des soirées que ce dernier organisait dans leur maison de Detroit, à l’enregistrement d’ Amazing Grace, l’album du retour aux sources gospel et son plus grand succès.

Un parcours qui fut tout sauf un long fleuve tranquille, la vie d’Aretha étant balisée de tragédies -disparition précoce de sa mère, viol et grossesse dès l’âge de 12 ans…-, sans même parler de sa relation toxique avec Ted White (Marlon Wayans), compagnon violent et agent impulsif, la chanteuse se débattant encore avec ses propres démons, l’alcool le premier. Des circonstances qui infuseront son art à des titres divers, lequel ne prendra sa pleine dimension qu’une fois affranchie de l’ombre envahissante du père, pour s’épanouir sous l’impulsion éclairée de Jerry Wexler (Marc Maron) du label Atlantic, avec le concours des musiciens des studios Fame, de Muscle Shoals, en Alabama. Miss Franklin y trouvera sa voix, et le film son groove, décollant au diapason de la chanteuse sur son interprétation de I Never Loved a Man (The Way I Love You).

La reine Aretha

La suite, Ain’t No Way, Think ou bien sûr Respect, appartient à la légende, à laquelle Jennifer Hudson apporte puissance, conviction et jusqu’à la soul. Liesl Tommy, pour sa part, étoffe le portrait de la chanteuse du combat de la femme pour son indépendance et de celui de la militante pour les droits civiques, histoire d’installer Aretha Franklin à la croisée des époques. De facture classique, jusque dans les teintes tamisées de sa reconstitution soignée, ce biopic, non content de rendre justice à l’artiste hors norme, salue aussi une femme d’exception. En un mot comme en cent, respect…

Respect

De Liesl Tommy. Avec Jennifer Hudson, Forest Whitaker, Marlon Wayans. 2 h 25. Distr: Universal.

7

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