Que ce soit pour y faire carrière ou pour militer, le passage de Hollywood à la politique fut et reste assez fréquenté…

A quelques jours d’un scrutin décisif pour les Etats-Unis, mais aussi sans doute pour le monde, l’appui du milieu du cinéma aux candidats à la présidence ne désarme pas. Steven Spielberg (1), Leonardo DiCaprio, Matt Damon, Jodie Foster, Tim Robbins et Jamie Lee Curtis ont, notamment, apporté leur soutien public à Barack Obama. George Clooney (2) et Barbara Streisand se sont même consacrés à la collecte de fonds pour le candidat démocrate, avec un réel succès dans une communauté d’artistes où domine encore largement une sensibilité « progressiste » (« libéral », au sens américain du terme).

Dans les rangs républicains, John McCain est nettement plus esseulé, même si Jon Voight, Robert Duvall et Sylvester Stallone lui ont apporté leur appui médiatique. En termes de visibilité, Obama l’emporte donc encore plus nettement que dans les sondages. Mais les électeurs républicains n’attendaient, de toute manière, pas grand-chose d’un monde du cinéma qu’ils jugent majoritairement comme un repaire de gauchistes plus ou moins masqués, de profiteurs dépravés, et de corrupteurs de la jeunesse américaine. Sans parler du nombre important de Juifs et de Noirs parmi les stars de la mise en scène et de l’interprétation…

Quel que soit le résultat des élections, Hollywood penchera encore globalement vers les options démocrates. Obama élu, on verra sans aucun doute fleurir des productions célébrant le métissage, notamment. McCain à la Maison-Blanche, les films critiques de la politique républicaine se multiplieront. Car si l’industrie du film est lucide sur son intérêt économique, le climat y reste favorable à une sensibilité sociale historiquement bien ancrée depuis les années 30, une décennie de crise clôturée par l’emblématique Les Raisins de la colère, film révolté, sinon révolutionnaire, signé par un cinéaste… de droite, John Ford.

Ronald, Clint, Arnold et les autres

Si chaque nouvelle élection voit une majorité d’acteurs s’engager pour le camp démocrate, les stars de l’écran cherchant une seconde carrière dans la politique le font généralement dans… le camp républicain. Ronald Reagan en est bien sûr l’exemple le plus spectaculaire, avec sa reconversion de comédien apprécié (même si tournant dans des films peu marquants, dont quelques francs navets) en responsable syndical, puis en responsable local (gouverneur de Californie) et enfin au sommet du pouvoir avec son élection à la présidence en 1981.

Arnold Schwarzenegger (3) était, lui, une star mondiale quand il décida de prendre le chemin de la politique en se présentant, avec le succès qu’on sait, à l’élection pour le poste de gouverneur de Californie. On ne lui prête aujourd’hui aucune intention d’aspirer à plus, même si le « rêve américain » de cet immigré d’origine autrichienne, époux d’une héritière de la famille… Kennedy, pourrait lui donner soif d’une reconnaissance encore plus importante.

On se souvient moins que Shirley Temple, ex-enfant star des années 30, se présenta aux élections primaires dans le camp républicain pour le poste de gouverneur de… Californie, bien sûr, mais se vit battre par un certain Pete McCloskey, en 1967. Plus connu est le mandat de maire de la petite ville californienne de Carmel exercé par Clint Eastwood, élu en 1986. Il ne se représenta pas aux élections suivantes.

Certes, tout le monde n’a pas le panache d’un Marlon Brando envoyant une jeune Apache à sa place à la cérémonie des Oscars de 1973, pour y refuser son prix du meilleur acteur dans Le Parrain en raison du mauvais traitement réservé aux Indiens dans les films et à la télévision. Mais l’engagement politique de certains acteurs et réalisateurs américains n’en est pas moins sincère et parfois très concret. On se souvient du militantisme de Jane Fonda à l’époque de la guerre au Viêtnam, de son voyage à Hanoï, et des violentes attaques dont elle fit l’objet pour ce comportement jugé par beaucoup comme anti-patriotique. Plus récemment, des comédiens comme Tim Robbins et Susan Sarandon ont été à leur tour brocardés pour leur speech anti-Bush et pacifiste aux Oscars, tandis que Woody Harrelson suscitait les moqueries de certains animateurs de talk-shows populaires pour ses grands élans exaltés sur le sauvetage de l’environnement. Aucune de ces vedettes n’allait chercher une gloire supplémentaire dans cette expression politique. Ils entendaient seulement agir en citoyens, en usant de leur renommée pour assurer à leurs actes ou propos une résonance utile à la cause défendue. Comme le disait Tim Robbins, dont le propre film Dead Man Walking dénonçait la peine de mort:  » Parce que nous sommes des artistes, faudrait-il que nous nous taisions? »

Texte Louis Danvers

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