RÉVÉLATION DE CANNES, LE JEUNE AUTEUR DES COMBATTANTS THOMAS CAILLEYS’EST JETÉ DANS SON PREMIER FILM AVEC UNE AUDACE ET UN PLAISIR COMMUNICATIFS.

Thomas Cailley a senti l’émotion l’envahir, et même le submerger, quand le public de la Quinzaine des Réalisateurs a embrassé, ovationné son film. Un premier long métrage superbe, fulgurant, qui lui valut la reconnaissance cannoise (trustant les trois prix distribués à la Quinzaine!), et désormais aussi le succès dans les salles françaises où Les Combattants adémarré en force! Auteur de cet ovni « n’obéissant à aucune règle mais intégrant plusieurs genres« , Cailley en parle comme d' »un rêve de cinéma, impossible à verbaliser… donc très difficile à présenter pour convaincre les gens! » Et d’évoquer « un flux d’énergie, un voyage plein de couleurs différentes, tout sauf un film monochrome, et dont l’unité viendrait des personnages, et de l’amour que je leur donne, un amour dont j’espère que les spectateurs le leur offriront également. »

Le jeune réalisateur avoue avoir mis dans son film « plein de micro-détails autobiographiques » et aussi « cette interrogation sur l’avenir qu’ont les personnages et que je partage avec eux« . L’écriture de scénario fut, durant ses études de cinéma, « le coeur de métier » de Thomas Cailley. Quand il entreprit son premier long métrage, ce ne sont pourtant pas ses scénarios plus aboutis que choisit le néophyte, mais plutôt « ce sujet moins avancé mais dont je pressentais qu’en tirant sur son fil, j’allais trouver beaucoup de choses qui parlent de moi. »

Cailley s’est lancé dans le projet « comme on se jette dans l’inconnu« . « C’est aussi le cas des personnages du film, qui vivent une forme d’apprentissage, en ne sachant pas d’une scène à l’autre où ils vont mettre les pieds« , commente le réalisateur originaire d’Aquitaine, région où il a situé l’action des Combattants. « On pourrait faire plusieurs bandes annonces très différentes, sourit-il en revenant sur le caractère hétérogène de son film: une qui promettrait une chronique sociale adolescente, là où d’autres pourraient très bien annoncer une comédie romantique, un buddy movie, un film d’aventures, voire un film d’anticipation. C’est tout ça à la fois! »

Génération en mouvement

« Arnaud, c’est un peu comme un verre vide qui va peu à peu se remplir« , explique Thomas Cailley de manière imagée à propos du héros masculin des Combattants. « Les jeunes d’aujourd’hui sont comme des éponges qui se nourrissent de ce qui se passe autour d’eux, qui composent avec le monde. Nous ne grandissons pas suivant des concepts (comme être plus viril, plus mûr, par exemple) mais au gré des rapports tissés avec les autres« , poursuit le réalisateur. L' »autre » d’Arnaud étant en l’espèce Madeleine, interprétée par une formidable Adèle Haenel (lire son portrait page 4). « Madeleine refuse de composer avec le monde. Elle affirme sa liberté de dire non, d’être contre. Arnaud dira: « Ok, je quitte le monde que je connais pour aller dans le tien, et si ça ne fonctionne pas on en inventera un autre. » » De son interprète féminine, le cinéaste nous dira qu' »elle est au moins aussi déterminée que son personnage dans le film: Adèle, à l’instant où elle a décidé quelque chose, est déjà en train de le faire! »

On ne manquera pas de voir, dans Les Combattants, un film générationnel. Thomas Cailley n’en avait pas conscience au moment de le tourner, mais il « assume à mort » aujourd’hui. « On représente souvent la jeunesse comme une communauté refermée sur elle-même, les oreilles bouchées par des écouteurs, pianotant sur des téléphones portables, apathique, sans objectif. Ce n’est pas ce que je vois autour de moi. Je vois des gens qui se battent, avec les moyens du bord, pour essayer d’atteindre leur rêve. Dans mon film, je fais le portrait d’une génération en mouvement, qui tente des choses, qui se trompe, qui tombe et qui se relève, mais qui essaie. »

ENTRETIEN Louis Danvers

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